Europe"Zones sans LGBT" : une commune du Loiret suspend ses relations avec une ville polonaise

Par Timothée de Rauglaudre le 17/02/2020
zone sans lgbt

Les élus de la Ville de Saint-Jean-de-Braye, dans le Loiret, ont publié vendredi un communiqué actant la suspension de ses "relations officielles" avec sa ville jumelle en Pologne, Tuchów, une "zone sans LGBT". Une première en France.

C'est une prise de position symbolique mais forte. Vendredi 14 février, le conseil municipal de Saint-Jean-de-Braye, ville de 20.000 habitants située dans le Loiret, à côté d'Orléans, a adopté un vœu visant à suspendre les "relations officielles" de la commune avec la ville de Tuchów, en Pologne, rapportait le lendemain La République du Centre. Une façon pour les élus, à un mois des élections municipales, de dénoncer les prises de position "homophobes" de cette ville jumelée avec Saint-Jean-de-Braye et qui est une des 88 localités polonaises à s'être constituées en "zone sans LGBT", expression consacrée en Europe, depuis janvier 2019.

https://twitter.com/nesscath/status/1229331217864183809

À LIRE AUSSI : Pologne : une carte recense l’inquiétante progression des « zones sans LGBT »

"Au mois de décembre 2019, le Parlement européen a voté en majorité un texte exhortant les autorités polonaises à révoquer les résolutions prises par un grand nombre de leurs comtés, districts ou municipalités qui se sont déclarés "Libérés de toute idéologie LGBT+", rappellent dans un communiqué les conseillers municipaux. Les populations LGBTI sont dénoncées comme une menace pour l’identité polonaise. Elles sont attaquées verbalement et physiquement."

"Résolution contraire aux droits de l'Homme"

Tuchów conservera toutefois son statut de ville jumelle avec Saint-Jean-de-Braye, au même titre que trois autres villes étrangères : Pfullendorf en Allemagne, Boussouma au Burkina Faso et March en Angleterre. Mais toute relation sera suspendue tant que leurs homologues polonais n'auront pas explicité les "raisons" les ayant poussés à adopter "une résolution contraire aux droits de l’Homme", et surtout tant que cette résolution ne sera pas révoquée. "La France s’est engagée en faveur de la lutte contre les violations des droits de l’Homme fondées sur l’orientation sexuelle, proclame encore le communiqué. Élus de Saint-Jean-de-Braye, nous réaffirmons que les droits de l’Homme doivent s’appliquer sans discrimination à chaque être humain, indépendamment de son orientation sexuelle ou de son identité de genre. Nous demandons que les libertés individuelles de tous s’appliquent sans entrave."

À LIRE AUSSI : Au Parlement européen, Bellamy refuse de condamner les « zones sans LGBT » polonaises

Le Groupe d'action gay et lesbienne Loiret (GAGL45), association LGBT+ du département dont le siège se trouve à Orléans, avait appelé les pouvoirs publics locaux à "être vigilants à la situation internationale" dans ses "14 propositions pour une commune inclusive" : "On ne peut pas, en France, lutter contre l’homophobie et la transphobie, et ignorer la situation des personnes LGBT+ à l’étranger. Il faudra donc que les communes soient vigilantes sur ce point dans leur relation avec les villes jumelles, et au besoin qu’elles suspendent leurs relations si des comportements notoirement LGBTphobes étaient relevés du fait des autorités de ces villes." L'association a donc accueilli "avec plaisir" la décision des élus de Saint-Jean-de-Braye. En France, d'autres communes sont jumelées avec des villes polonaises ayant adopté des résolutions similaires (recensées sur le site "Atlas of Hate"), comme par exemple Estaires (Nord) avec Wieluń ou Lambres-lez-Douai (Nord) avec Stary Sącz.

 

Crédit photo : Mélanie Huguet / Wikimedia Commons