Dans la capitale, la gare de l’Est ne bougera pas de sitôt. Agnès Buzyn, la nouvelle candidate de La République en marche (LRM) à la Mairie de Paris, n’a pas l’intention de reprendre à son compte la promesse la plus spectaculaire de Benjamin Griveaux : abandonner cette gare et transférer le trafic ferroviaire vers une nouvelle infrastructure à construire porte de La Villette ou en banlieue, et ouvrir un vaste parc sur les terrains libérés.
L’ancienne ministre des solidarités et de la santé reste dubitative devant ce type de « projets pharaoniques », selon son expression. C’est ce qu’elle a confié à son équipe de campagne, réunie pour la première fois autour d’elle, lundi 17 février, moins de vingt-quatre heures après sa désignation express.
Officiellement, rien n’est encore tranché. Mais tous les participants à ce long déjeuner de travail ont compris le même message. Pour avoir une chance de gagner la difficile bataille de Paris, face à Anne Hidalgo et Rachida Dati, Agnès Buzyn ne veut pas simplement incarner un nouveau visage, en conservant in extenso le programme élaboré par son prédécesseur.
Elle entend revoir assez profondément les grands choix et laisser de côté les idées les moins pertinentes. « Sa priorité, c’est de régler les problèmes du quotidien, la propreté, la sécurité, la qualité de la vie, et pas de lancer de grands projets », synthétise un des convives.
Des « boulets » aux pieds
Cela n’allait pas de soi. « A part le capitaine, rien ne va changer », assurait Sophie Segond, la tête de liste de LRM dans le 8e arrondissement, dimanche, lors d’une réunion avec ses colistiers. « Nous travaillons depuis de longs mois sur le programme, nous sommes tous convaincus qu’il est le meilleur pour Paris, c’est pour ça que le ou la remplaçante de Benjamin devra le défendre, y compris la gare de l’Est », précisait-elle.
Agnès Buzyn a une autre vision de son rôle. « Elle a sa propre analyse des problèmes de Paris, résume une tête de liste. Elle ne veut pas partir avec aux pieds des boulets qui ne lui appartiennent pas. » A commencer par le fameux déplacement de la gare de l’Est et la création d’un « Central Park parisien », que Benjamin Griveaux avait brandis fin janvier dans l’espoir de marquer les esprits et de relancer une campagne très laborieuse.
Le projet avait immédiatement suscité une pluie de sarcasmes et de critiques. « Ce serait un non-sens économique, une aberration pour des milliers de voyageurs et une vraie faute politique », avaient ainsi déclaré les dirigeants des régions Ile-de-France et Grand-Est. En réaction, le candidat avait à son tour éreinté « ceux qui se sont habitués à avoir de petites ambitions pour Paris », « appellent sans cesse à faire davantage pour l’écologie et disent impossible de créer 30 hectares d’espace vert ».
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