L’exode ou les bombardements
Qui sont ces déplacés ? Des civils, qui ont fui les villes et les banlieues d’Idlib et d’Alep, pilonnées par les forces du régime de Bachar al-Assad et de son allié russe. Depuis le mois de décembre, elles sont reparties à l’assaut de cette région, dernier fief djihadiste et rebelle qui échappe à leur contrôle.
Leur méthode est tristement connue : les bombardements n’épargnent rien ni personne : ni les logements, ni les hôpitaux, ni les écoles, ni les voitures des habitants qui fuient. Plus de 200 personnes ont déjà été tuées sous les bombes depuis le début de l’année et 72 centres de santé ont dû fermer leurs portes. "On quitte notre maison à cause de l’armée", explique un petit garçon âgé d’environ 5 ans. "L’armée exécute ceux qui restent ici."
Terrorisés ou tout simplement à la rue, plus de 800.000 civils ont dès lors abandonné leur ville ou leur village pour trouver refuge dans des zones relativement épargnées plus au nord, souvent près de la frontière turque. "Des villes entières ont été vidées alors qu’un nombre croissant de civils fuient vers le nord, vers des territoires considérés comme plus sûrs mais qui sont en train de rétrécir rapidement", a mis en garde le Bureau de la coordination des affaires humanitaires. La Turquie, elle, a fermé sa frontière depuis plusieurs années pour éviter un afflux de réfugiés syriens sur son territoire. Elle en compte déjà 3,7 millions.
Dans un camp de fortune aux abords de la ville d’Azaz, non loin de la frontière turque, les enfants, petits bonnets sur la tête, toussent, les pieds dans la neige et parfois sans même un manteau. "Nous sommes 27 familles réparties dans 14 tentes", explique Mohammed, déjà prêt à repartir. "Nos affaires sont encore dans la voiture. Nous n’avons pas de bois, la situation est très difficile. Aucun de nous ne peut louer un logement, ici les propriétaires demandent 100 ou 200 dollars pour nous loger, mais nous n’avons pas cet argent."
La riposte des groupes rebelles fait aussi des victimes, une trentaine depuis le début de l’année selon l’ONU.