Dans l'Eure : le retour de la loutre, un bon signe pour nos rivières

Le long du Guiel, dans l'Eure, les traces de la loutre signent le retour de cette espèce disparue de notre territoire au début des années 1980.

La loutre, un animal très joueur et qui jouit d'un capital sympathie auprès du public.
La loutre, un animal très joueur et qui jouit d’un capital sympathie auprès du public. (©Peter Trimming)
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Sa taille est étonnante : elle atteint souvent les 1 m 20. Elle se faufile ni vu ni connu, car elle est très craintive. La loutre est un animal discret comme le fait remarquer Anthony Le Guen, chargé d’études multimammifère :

il est très rare d’en observer une, vous pouvez être spécialiste de cette espèce et ne pas en apercevoir en trente ans d’observation ! »

Son retour le long du Guiel (affluent de la Charentonne qui serpente à Montreuil-l’Argillé) est un événement qui ravit le Groupe mammalogique normand, une association créée en 1978 et installée à Épaignes pour la zone Haute-Normandie. Sa vocation ? Réaliser un inventaire pour former et sensibiliser le public à la protection des espèces sauvages.

Je n’y croyais pas, cela faisait deux ans que je guettais des traces sans en trouver le long de la Risle », s’émeut Anthony.

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Suivie à la trace

Comment sait-on que la loutre est présente dans le sud de l’ex-canton de Broglie ? Tout simplement par les déjections caractéristiques qu’elle a laissées.

Fin janvier, nous avons retrouvé deux épreintes (des fientes) de loutre », relate le spécialiste.

Elles sont caractéristiques par l’odeur d’huile de lin et de miel qu’elles répandent. Autre signe qui ne trompe pas, elles brillent de par les arêtes et des écailles de poisson qu’elles contiennent.

Ces excréments ont été trouvés le long du Guiel, à La Trinité-de-Réville et Monnai (Calvados). Cet animal se déplace le long du bassin-versant, il fréquente vraisemblablement toute la vallée. « L’animal est présent depuis des années dans le bassin de l’Orne. Nous pensons qu’elle est arrivée par les têtes de bassins de la Charentonne (en aval, près des sources). »

« L'animal est présent depuis des années dans le bassin de l'Orne. »
« L’animal est présent depuis des années dans le bassin de l’Orne. » (©Peter Trimming)

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Pourchassée pour sa fourrure depuis le XIXe

Les loutres ont disparu de notre territoire au début des années 1980. Cette espèce a été pourchassée dès le début du XIXe siècle pour sa fourrure.

Il s’agit d’un mammifère très discret, un animal nocturne dont la zone de vie est très étendue de 20 à 40 km pour certains mâles », renseigne Anthony.

Elle ne consomme qu’un à deux poissons par jour, ce qui est un prélèvement très raisonnable et même dérisoire dans les eaux poissonneuses de la vallée de la Charentonne et du Guiel. En période de disette, elle est opportuniste et s’accommode des amphibiens, des petits mammifères ou des écrevisses de rivières.

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Les populations normandes n’excèdent pas la dizaine d’individus, c’est suffisant pour la reproduction de cette grande voyageuse.

Son habitat de prédilection est semi-aquatique, elle a besoin de l’eau. Pas d’inquiétude, elle n’est pas vecteur de maladie. On associe généralement son retour à une meilleure qualité de l’eau, ce n’est vrai qu’indirectement.

Sa présence signe une ressource alimentaire de qualité, des eaux poissonneuses ».

À la différence des ragondins, elle ne détériore pas les berges. Pas de confusion possible, la loutre n’est pas du tout nuisible.

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Un bon signe pour la rivière

« Pour nous, c’est une vraie réussite », s’enthousiasme Anthony Le Guen alors que le programme de recensement a commencé courant 2018 (financé par l’Europe, la Région et l’Agence de l’eau)

C’est un bon signe pour la rivière, c’est le retour du plus gros carnivore normand. C’est un nouveau maillon, le plus gros en taille. »

Le Groupe mammalogique normand va maintenant informer et sensibiliser les particuliers, les collectivités et les techniciens des syndicats d’eau.

Une petite action sera notamment proposée aux propriétaires riverains qui pourront créer « un havre de paix », une zone refuge pour la loutre.

« Il suffit d’aménager un roncier, des souches creuses ou même un simple tas de bois. » En échange, des panneaux signaleront que la maison est ambassadeur de la loutre.

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