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Affaire Benjamin Griveaux : « Américanisation ou russification ? »

Dans sa chronique, Alain Salles, chef du service International du « Monde », analyse les conséquences pour la vie politique française de la renonciation du candidat LRM à l’élection pour la Mairie de Paris après la diffusion d’images sexuelles.

Publié le 20 février 2020 à 11h37, modifié le 21 février 2020 à 07h03 Temps de Lecture 4 min.

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Benjamin Griveaux au théâtre Bobino à Paris, le 27 janvier.

Chronique. La France s’inspire toujours avec retard des Etats-Unis. L’affaire de la « sextape » de Benjamin Griveaux ressemble à première vue aux scénarios des scandales d’outre-Atlantique qui ont entraîné la chute d’hommes politiques en raison de leur vie privée. De Gary Hart, le candidat à l’investiture démocrate en 1988, tombé pour adultère, à l’ancien procureur de New York Anthony Weiner, qui a démissionné en 2011 de la Chambre des représentants pour son abus d’envois d’images sexuelles.

Après le retrait de M. Griveaux de la campagne pour les élections municipales de Paris, certains s’empressent de dénoncer la contagion du puritanisme anglo-saxon, regrettant l’époque bénie où l’information s’arrêtait à la porte de la chambre à coucher. La publication des images sexuelles de M. Griveaux montre, avec l’extrême violence que peuvent procurer les réseaux sociaux, que cette époque est révolue.

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Est-ce un signe d’américanisation de la vie politique française ? Il n’y a pas eu de condamnations morales de Benjamin Griveaux ni de ces échanges entre adultes consentants. Mais que reste-t-il de la vie privée ? Quand des hackers peuvent s’infiltrer dans des comptes personnels ou quand des images censées s’autodétruire quelques minutes après leur envoi sont capturées sur un téléphone ou transférées sur un ordinateur, avant d’être jetées en pâture sur Internet.

Les frasques trumpiennes

Mais la situation évolue vite aux Etats-Unis. La période où les médias anglo-saxons s’indignaient des frasques de leurs élus paraît lointaine à l’heure de Donald Trump et de sa post-vérité. Un candidat peut désormais déclarer qu’il « attrape les femmes par la chatte », sans que sa campagne en pâtisse véritablement. Après avoir laissé entendre que sa voix avait été trafiquée, Donald Trump a minimisé l’affaire en évoquant des « propos de vestiaires » dans le cadre d’une conversation privée.

Les révélations de son ancien avocat Michael Cohen, reconnaissant qu’il avait payé 130 000 dollars (120 000 euros) à l’actrice de films pornos Stormy Daniels pour qu’elle taise sa liaison avec Donald Trump, lui ont valu d’être crucifié par ce dernier et ses équipes. Un peu plus tard, le président américain a remboursé la somme à son ancien avocat, qui est désormais derrière les barreaux. « Pourquoi est-ce moi qui vais en prison ? Ce n’est pas moi qui ai couché avec une star du porno », avait-il alors déclaré.

En pleine affaire #metoo, les révélations sur les frasques trumpiennes n’ont guère ému les évangéliques, qui constituent l’électorat le plus fidèle du président. L’époque de la procédure d’impeachment de Bill Clinton pour parjure sur ses relations sexuelles avec la stagiaire de la Maison Blanche Monica Lewinsky semble bien lointaine. C’était en 1998, au siècle de l’Amérique puritaine.

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