En Ukraine, une fausse campagne d’emails, qui se fait passer pour le ministère de la santé, a mené à des émeutes. Impuissants face à la propagation des craintes, le gouvernement a dû déplacer deux représentants pour calmer la situation.

Un sujet parfait pour susciter la panique, une population peu confiante envers son gouvernement, et les fakes news prennent des proportions dangereuses. En Ukraine, une campagne de désinformation en ligne sur le Coronavirus a mené à des émeutes, rapporte Christopher Miller, correspondant de BuzzFeed. Les auteurs des emails se sont fait passer pour le ministère de la Santé, et sont parvenus à envoyer leur message à toute la liste de contacts du ministère.

Les emails prétendaient que cinq cas de patients affectés étaient confirmés en Ukraine, alors qu’il n’y en a pour l’instant aucun sur le territoire. La campagne malicieuse a profité de l’actualité pour amplifier son effet : un avion arrivait le jour de l’envoi des messages. Il transportait des citoyens ukrainiens et étrangers rapatriés depuis la Chine. Après l’atterrissage, les bus qui devaient les amener à l’hôpital ont été bloqués et attaqués par des émeutiers, jusqu’à la destruction des vitres des véhicules.

D’après le service de renseignement ukrainien, le message a été envoyé depuis l’extérieur du pays.

Image d'erreur

Pour l’instant aucun cas de Coronavirus n’a été confirmé en Ukraine ou chez ses voisins. // Source : Capture d’écran de la carte interactive de John Hopkins, le 24 février 2020.

Le contre-campagne du gouvernement ne suffit pas

Les deux seuls cas d’Ukrainiens affectés étaient à bord du bateau de croisière arrimé au Japon, et ils sont déjà rétablis.

Les campagnes de désinformation ne se limitent bien sûr pas à l’Ukraine : le coronavirus a soutenu l’apparition de nombreux fakes.

L’autorité de santé publique ukrainienne, le Center for Public Health, a immédiatement averti sur la campagne de fausses informations. « Attention ! Les rapports qui font part de cinq cas confirmés de COVID-19 coronavirus ne sont PAS VRAIS », a-t-elle écrit. Elle a également demandé aux médias de ne pas relayer l’information. De son côté, le président Volodymyr Zelensky a répété que la situation était sous contrôle.

Le gouverneur de la région qui accueillait les évacués de Chine a lui aussi tenté de rassurer : « Tout va bien. Les passagers sont tous en parfaite santé. »

L’hôpital bloqué, le bus caillassé

Mais cette campagne de communication officielle n’a pas suffi. Les habitants du village Novi Sanzhary, au centre de l’Ukraine, ont protesté contre l’arrivée des rapatriés à l’hôpital. Les passagers de l’avion, ainsi que le personnel de bord, doivent y rester en quarantaine pendant 14 jours, pour s’assurer qu’ils ne portent pas le virus. Nourris par la crainte d’être infectés par le virus, certains protestataires sont allés jusqu’à casser les vitres du bus, et se sont battus avec les forces de l’ordre déployées pour protéger l’hôpital. Le gouvernement a dépêché le Premier ministre et le ministre de l’Intérieur pour rassurer la population.

L’Ukraine est loin d’être le seul pays touché par des vagues de désinformation : en janvier, nous en avions déjà repéré 4 fake news francophones qui circulaient sur les réseaux sociaux. La viralité du coronavirus comme sujet a également déjà séduit les hackers pour leurs campagnes de phishing.

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