Hauts-de-Seine : aux assises, son ex-compagne témoigne sur son «enfer quotidien»

Devant la cour d’assises, Sarah, 29 ans, a raconté, ce mardi, a raconté des rapports sexuels forcés par son ex-compagnon. Ce dernier est jugé, depuis lundi, pour «viols sur conjoint».

 Nanterre, ce mardi Le procès d’assises de Luis D., 47 ans, jugé pour « viols conjugaux » doit s’achever ce mercredi.
Nanterre, ce mardi Le procès d’assises de Luis D., 47 ans, jugé pour « viols conjugaux » doit s’achever ce mercredi. LP/Valérie Mahaut

    Elle a effacé son nom, son prénom. Pour Sarah, il est devenu « L'Autre ». La jeune femme, 29 ans, ne désigne jamais autrement son ex-compagnon, Luis D., 47 ans, qu'elle accuse de l'avoir violée.

    À la barre de la cour d'assises des Hauts-de-Seine ce mardi, elle a raconté un an et demi d'une relation malsaine avec cet homme jugé depuis lundi pour « viols sur conjoint ». Lui qui, déjà, a été condamné pour avoir imposé des relations sexuelles à trois ex-compagnes.

    Celles que Sarah décrit posent question. Visiblement fragile, son mal-être transpirant à chaque phrase de son récit déroulé en saccade, la femme a raconté « un enfer quotidien » de rapports sexuels forcés, dans le huis clos du logement de Luis D., à Boulogne-Billancourt, puis à Saint-Cloud, entre septembre 2012 et la fin de l'année 2013.

    «Lui avez-vous dit clairement non ?»

    Elle évoque la jalousie de son ex, qui se mettait « dans des états de rage », « très insistant » pour la chose sexuelle, « menaçant », « violent ». Pour canaliser cette femme qui parle à toute allure, le président de la cour pose des questions.

    « Lui avez-vous dit clairement non ? Et si oui, comment ? », interroge-t-il. « Oui, je lui ai dit de plusieurs façons. Je pleurais tout le temps, avant, pendant, après. Quand je dormais et qu'il me réveillait en faisant des trucs, je n'avais pas pu dire oui. Il y a des fois où j'ai essayé de lui résister. D'autres fois, où je disais carrément non. »

    « Il n'en tenait pas compte ? », demande encore le président. « Il boudait, il s'énervait… J'avais quand même vachement peur de lui. » « Y a-t-il des moments, où il vous a forcé physiquement ? » « Je ne sais pas, répond Sarah. Ce n'est pas aussi simple que ça. »

    «Ce n'est pas un viol cliché»

    En effet. Au terme de son témoignage, il paraît évident qu'elle a vécu sous la coupe de son ex-compagnon, dont elle ne parvenait pas à se défaire, « terrifiée » dit-elle par ses « menaces ». En même temps, le jour où elle s'est fermement opposée à ses désirs sexuels, il s'est calmé.

    Le reste du temps, elle explique avoir souvent donné satisfaction à l'accusé, pour éviter des pratiques sexuelles dont elle ne voulait pas. « Ce n'est pas un viol cliché, pas un viol dans la rue par un mec qui a un couteau, formule autrement Sarah. Mais, l'Autre, son arme, il l'avait quand même. »

    Après le témoignage de Sarah, qui a passé près de quatre heures à la barre, Luis D. devait être interrogé sur les faits, dans la soirée. Le procès doit se terminer ce mercredi.