Le front de mer de la ville de Gabès en Tunisie où s'échouent des corps de migrants naufragés. Crédit : Google Street View
Le front de mer de la ville de Gabès en Tunisie où s'échouent des corps de migrants naufragés. Crédit : Google Street View

La Ligue tunisienne des droits de l'Homme s'élève contre la profanation, survenue vendredi, de tombes en construction dans le cimetière municipal de la ville de Gabès, en Tunisie, pour des migrants morts noyés en Méditerranée. Une enquête va être ouverte.

"Un acte criminel barbare" et "un viol des droits et des valeurs d'humanité" : c'est en ces termes sans équivoque que la Ligue tunisienne des droits de l'Homme (LTDH) a dénoncé, dimanche 22 février dans un communiqué, la profanation d'une partie du cimetière municipal de la ville de Gabès, dans le sud-est de la Tunisie. Des dizaines de tombes tout juste construites ont été prises pour cible par "un groupe de personnes" qui ont ensuite publié des vidéos de leurs actes sur les réseaux sociaux.

La ville de Gabès a récemment passé un accord avec le Comité international de la Croix-rouge (CICR) "pour recevoir les corps des migrants rejetés par la mer sur la côte sud-est" de la Tunisie. Les dizaines de tombes détruites encore vacantes avaient été construites à cet effet.

Contactée également par InfoMigrants, la ville de Gabès confirme l'incident, mais n'a pas souhaité commenter davantage pour le moment. Le CICR affirme, en revanche, s'être entretenu avec les autorités municipales qui se sont engagées à ouvrir une enquête pour faire la lumière sur les responsables de ces actes "qui ne représentent qu'une frange conservatrice de la population et pas tous les Tunisiens".

"Cet incident est choquant pour nous mais pas surprenant car il y a eu beaucoup de désinformation autour du projet", poursuit la porte-parole du CICR. "Des rumeurs disaient notamment que le cimetière était plein et que les migrants prendraient la place des tombes qui aurait dû être destinées aux habitants décédés. Ce n'est pas vrai", affirme-t-elle, précisant que les autorités comptaient effectuer un travail de sensibilisation et d'information sur le projet.

Elle rappelle d'ailleurs qu'un projet similaire avait vu le jour l'été dernier, lorsque la municipalité de Bouchamma, en banlieue nord-ouest de Gabès, a reçu 19 corps de migrants. Ces derniers ont été "honorés" lors de funérailles auxquelles "des habitants de la région, un certain nombre de fonctionnaires et d'acteurs de la société civile" ont pris part.

 

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