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Eugène Atget, le photographe qui a immortalisé le Vieux Paris

Par Cyrielle

Son nom est connu de tous les amateurs de photographie ou de patrimoine parisien : pendant plus de trente ans, de la fin du XIXe siècle à sa mort en 1927, Eugène Atget a parcouru Paris en long et en large pour immortaliser la capitale dans ses moindres détails. On retrace pour vous le destin de cet homme, mort dans la misère, mais aujourd’hui considéré comme l’un des plus influents photographes modernes parisiens.

Eugène Atget, un artiste multifacettes, discret et humble

Homme hyperactif aux multiples vies, Eugène Atget (1857-1927) aura été, au cours de sa vie, marin, comédien, peintre ou encore directeur de l’hebdomadaire Le Flâneur. Mais s’il est entré dans l’Histoire, c’est grâce à ses clichés qui nous plongent dans le Vieux Paris, celui de tous les jours, qui ne porte aucun artifice, si ce n’est celui du quotidien.

Pendant presque quarante ans, de la fin des années 1880 à sa mort en 1927, Eugène Atget se fera le témoin de toutes les transformations qui vont toucher Paris. Les vieux métiers de l’artisanat qui ne trouvent plus leur place, écrasés par l’appel des grands magasins ; les quartiers encore boueux, mais non moins charmants, qui risquent de s’effondrer sous les constructions du métropolitain ; les ruelles sombres, les vitrines de boutiques brinquebalantes ou les arrière-cours d’immeubles pleines de vie…

Un chiffonnier, avenue des Gobelins, 1899
Les Parisiens regardent l’éclipse solaire du 17 avril 1912 sur la place de la Bastille
Le Pantheon, 1924
La rue St. Rustique à Montmartre, 1922
La place Saint-Médard, 1898

Armé de sa grosse chambre photographique à plaque de verre, ce modeste et discret photographe, amoureux de la capitale depuis son arrivée en 1878, se fera l’un des plus grands défenseurs du patrimoine parisien, photographiant méthodiquement les rues de Paris pour en conserver des traces documentaires.

Un documentariste à la renommée tardive

Lui qui aura réalisé près de 17 000 clichés au cours de sa carrière semble aujourd’hui être le parfait trait d’union entre Charles Marville – connu pour ses photographies de Paris avant et pendant les travaux d’Haussmann – et les grands photographes documentaires du XXe siècle, dont Robert Doisneau ou Willy Ronis. Et pourtant, sa renommée a été très tardive. Sans doute est-ce parce qu’il ne se revendiquera jamais comme un artiste et ne fera pas grand vent de son travail : « Ce ne sont que des documents, des documents que je fais » dira-t-il encore à la fin de sa vie. Son objectif en photographiant Paris est avant tout de permettre à d’autres artistes, peintres et étudiants aux Beaux-Arts, d’avoir une source de qualité pour confectionner leurs oeuvres. Plus tard, il vendra ou donnera ses clichés à des historiens et aux institutions culturelles, dont le Musée Carnavalet ou les bibliothèques de la ville.

La place du Caire, 1903
La façade principale de la prison Sainte-Pélagie, 1898
La cour du 7 rue de Valence, 1922
Des paveurs de rue, 1899–1900

S’il n’a jamais cherché le succès, ce dernier viendra tout de même à lui à la fin de sa vie. Dans les années 1920, il rencontre les photographes américains Berenice Abbott et Man Ray, qui lui achètent des œuvres pour leurs collections privées. C’est cette rencontre qui marquera le début de la renommée pour Eugène Atget. En 1930, alors qu’Atget est mort depuis trois ans, Berenice Abbott décide de publier, à New York, un recueil de ses photographies, « Atget, photographe de Paris ». Cette publication sera rapidement suivie par d’autres et marquera le début d’une longue renommée de l’autre côté de l’Atlantique, puis dans le monde entier… et enfin en France, où il restera longtemps cantonné à son statut de « photographe institutionnel ».

Berenice Abbott exprimera sans doute le mieux ce qu’Eugène Atget représente encore aujourd’hui : « ll restera dans les mémoires comme un historien urbain, un véritable romantique, un amoureux de Paris, un Balzac de la caméra, dont le travail nous permet de tisser une grande tapisserie de la civilisation française. »

À l’angle du boulevard de la Chapelle et de la rue Fleury, 1921
Boucherie chevaline, Rue Christine, 1922
Des musiciens de rue vers 1898
Boutique, Marché aux Halles, 1925

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Cyrielle Didier