Abattoir Sobeval : quand L214 reçoit par erreur des mails embarrassants du ministère de l’Agriculture

L’association réclame la démission de Didier Guillaume après avoir reçu par erreur des mails internes au ministère, reconnaissant des « non-conformités » au sein de l’abattoir de Dordogne.

 L’association de défense des animaux L214 a demandé jeudi la fermeture d’un abattoir de veaux en Dordogne.
L’association de défense des animaux L214 a demandé jeudi la fermeture d’un abattoir de veaux en Dordogne. CHARLY TRIBALLEAU/AFP

    Moins d'une semaine après la diffusion d'une vidéo tournée dans l'abattoir Sobeval de veaux en Dordogne, l'association de défense des animaux L214 contre-attaque, et publie cette fois… des échanges de mails un brin embarrassants pour le ministère de l'Agriculture.

    Ces courriels envoyés par erreur à l'association et depuis mis en ligne sur son site laissent entendre que ces images montrent bien des non-conformités à la réglementation. Et ce, contrairement à la communication officielle délivrée ces derniers jours dans les médias.

    Selon L214, ces échanges datant du 19 et 20 février « trahissent l'inquiétude générée par ces nouvelles images ». Dans l'un des mails, un haut responsable affirme avoir « fait la liste des NC [NDLR ; non-conformités] indéniables, voire majeures relevées ». Un autre courriel venant du cabinet du ministre insiste « Il nous faut des edl [NDLR ; éléments de langage] béton pour ce soir ».

    Des « éléments de langage béton »

    Des éléments de réponse sont alors proposés : l'abattoir fait l'objet de contrôles réguliers, le respect des règles sanitaires et de protection animale y est « satisfaisant », « la seule non-conformité identifiée [en décembre] […] a été corrigée depuis » « la vidéo peut remonter à plusieurs mois », « si certaines non-conformités peuvent être identifiées sur cette vidéo, elles restent mineures ou ont été corrigées depuis ».

    Ces éléments de langage auraient été diffusés en interne et transmis à la préfecture de Dordogne comme à l'association interprofessionnelle de la filière bétail et viande (Interbev) et à la Fédération des métiers de la viande (Fedev), selon les mails.

    L'affaire se montre particulièrement embarrassante pour le ministre de l'Agriculture, Didier Guillaume qui avait soutenu dimanche sur Europe 1 que « les images » dévoilées par L214 montrant des veaux agoniser pendant de longues minutes n'étaient « pas avérées ». « Les images sont prises sur plusieurs mois ou plusieurs années, sont collées les unes par rapport aux autres », avait critiqué le ministre, excluant de fermer l'abattoir.

    Des « carences claires des services de l'Etat »

    De même, dans un communiqué publié le jour de la mise en ligne de la vidéo, la préfecture de Dordogne se défendait de toute négligence, estimant qu'il n'y avait « pas de mise en évidence de non-conformité à la réglementation ».

    Face à ce double discours, le ministre de l'Agriculture « Didier Guillaume doit démissionner » estime l'association qui dénonce des « carences claires des services de l'Etat ». « La préfecture, les services vétérinaires, les services du ministère et le ministre lui-même ont sciemment choisi de mentir et se servent d'éléments de langage pour masquer une réalité reconnue par leurs services », s'indigne l'association.

    Et de s'interroger : « Quelle confiance les citoyens peuvent-ils accorder à un ministère qui leur ment pour cacher ses manquements, commettant ainsi une faute grave ? ».

    Contactée par le Parisien, la préfecture de Dordogne n'a pas souhaité commenter l'affaire. De son côté, le ministère de l'Agriculture n'a pas donné suite à nos sollicitations.

    En parallèle, Sobeval avait annoncé jeudi qu'elle portait plainte contre L214, estimant que « les allégations » de l'association sur des « sévices graves » et « infractions » multiples portaient « atteinte à l'honneur de Sobeval et de ses opérateurs ».