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Le CSA contraint les plateformes à révéler leurs mesures de lutte contre les infox

L'autorité de régulation de l'audiovisuel, dont les pouvoirs ont été élargis aux plateformes Facebook, Google et autre Twitter, doit obtenir de celles-ci les mesures qu'elles comptent mettre en oeuvre pour lutter contre la désinformation. Elle leur a envoyé un long et très précis questionnaire pour les pousser à révéler en détail leurs arguments.

Pour le CSA, la tâche n'est franchement pas facile face aux Facebook, Google et autre Twitter au fonctionnement pas toujours transparent.
Pour le CSA, la tâche n'est franchement pas facile face aux Facebook, Google et autre Twitter au fonctionnement pas toujours transparent. (Photo Romuald Meigneux/Sipa)

Par Fabienne Schmitt, Nicolas Madelaine

Publié le 27 févr. 2020 à 17:13Mis à jour le 27 févr. 2020 à 18:17

Le Conseil supérieur de l'audiovisuel (CSA) entre dans le vif du sujet de la régulation des plateformes. Jeudi soir, il a publié un questionnaire, à la fois dense et très précis, pour « accompagner » les Facebook, Google et autre Twitter, qui ont jusqu'au 31 mars, pour lui rendre compte des mesures et des moyens qu'ils comptent mettre en oeuvre pour lutter contre la diffusion de fausses informations.

Cette obligation leur est faite depuis la loi de 2018 relative à la lutte contre la manipulation d'information , ces fausses nouvelles étant devenues un fléau par les ravages qu'elles ont faits lors de la présidentielle française, l'élection américaine, ou encore le référendum sur le Brexit. Certains messages postés sur les réseaux sociaux concernant le coronavirus en sont aussi actuellement un bon exemple.

Pour le CSA, la tâche n'est franchement pas facile face à ces entreprises du « nouveau monde » au fonctionnement pas toujours transparent… Après avoir rédigé une recommandation l'an dernier pour améliorer la lutte contre la diffusion de ces fausses nouvelles, le CSA veut prendre les devants désormais avec son questionnaire, un document de 12 pages qui, c'est son objectif, ne tolérera aucune imprécision de réponse de la part des plateformes…

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Un « superviseur proactif »

« Le CSA entend jouer pleinement un rôle de superviseur, avec une vraie responsabilisation des acteurs, explique aux 'Echos' son président Roch-Olivier Maistre. Le questionnaire est précis car nous ne pouvons pas nous contenter de déclarations : il faut que le superviseur soit proactif pour s'assurer de ce qui est fait. »

Dispositif de signalement de fausses informations, transparence des algorithmes, promotions des contenus, information des utilisateurs… Tout y passe et notamment les questions sensibles : critères utilisés par les algorithmes, le coeur du réacteur des plateformes, pour faire remonter certaines informations et pas d'autres ; nécessité de mettre en avant les sites d'informations reconnus ; facilité avec laquelle les utilisateurs peuvent signaler des contenus suspects ou encore clarté de l'avertissement qu'un contenu est sponsorisé.

Pour préparer les questions et analyser les réponses, le CSA s'est doté d'un comité d'experts pluridisciplinaires . Il a par ailleurs lancé une étude sur la diffusion de fausses informations sur Twitter. Attention, « Le CSA ne va pas réguler les fausses informations », tient à souligner son président. « On ne se penche pas sur les contenus eux-mêmes, renchérit Michèle Leridon, conseillère au CSA. On ne décrète pas ce qui est vrai ou faux, on demande 'qu'est-ce que vous mettez en oeuvre pour lutter contre la désinformation ?' » 

« Name and shame »

Le CSA doit produire une synthèse d'ici à l'été dans laquelle il fera part de ses observations sur les réponses des plateformes, qui, en plus du questionnaire, seront aussi auditionnées.

Las pour l'institution, elle ne dispose d'aucun pouvoir de sanction sur ce sujet… « Nous avons le 'name and shame' [nommer et faire honte, NDLR] », plaide Roch-Olivier Maistre, qui prévoit manifestement de pointer les mauvais élèves dans son bilan. « On ne s'interdit pas non plus de faire des propositions au Parlement et au gouvernement sur des adaptations législatives opportunes », ajoute-t-il. Le CSA n'a pas non plus d'outils de big data pour vérifier lui-même les déclarations des GAFAs. « C'est un chantier en cours, nous prévoyons demonter en puissance et nous travaillons déjà avec l'Arcep [régulateur des télécommunications, NDLR] sur des partages d'expertises », dit Roch-Olivier Maistre.

Le sujet est très politiquement sensible, alors que se profilent les municipales et l'élection présidentielle de 2022 en France. C'est d'ailleurs Emmanuel Macron qui avait lancé la loi contre les fausses informations début 2018, en ayant lui-même été victime pendant sa campagne où il avait notamment été faussement accusé d'avoir un compte bancaire au Bahamas. Aujourd'hui, Roch-Olivier Maistre attend lui « une heure de vérité » de tout le processus anti fausses nouvelles qu'il a lancé.

Nicolas Madelaine

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