Accueil

Agora Billets & humeurs
L’appel de la Ligue du droit international des femmes pour interdire les signes religieux aux JO

L’appel de la Ligue du droit international des femmes pour interdire les signes religieux aux JO

Par Linda Weil-Curiel et Annie Sugier

Publié le

Linda Weil-Curiel, secrétaire générale de la Ligue du droit international des femmes, demande au CIO et au Comité d’Organisation des Jeux Olympiques et Paralympiques d'interdire les vêtements religieux.

Depuis le début de la campagne en vue de l’attribution des Jeux Olympiques 2024 à Paris, nous avons alerté tant le CIO que la Ville de Paris et en particulier sa maire, puis le Comité d’organisation des Jeux Olympiques et Paralympiques, sur l’attitude de l’Iran et de l’Arabie Saoudite qui imposent aux athlètes féminines des contraintes vestimentaires non sportives contraires aux principes de la Charte olympique, et ont instauré un véritable "apartheid sexuel".

Comme si les infractions commises par les femmes, sur injonction de leurs autorités publiques, ne valaient pas la peine que l’on s’y attarde

Non seulement les réponses du Comité d’organisation ont éludé la question que nous posions : "Accepterez-vous que des athlètes violent l’article 50 de la Charte Olympique qui interdit toute expression politique ou religieuse dans les sites olympiques ?" Mais la Commission des athlètes du CIO vient de se réunir pour réaffirmer l’importance de l’article 50 et de la neutralité qu’il impose à tous les participants aux JO... sans même une allusion aux infractions commises au nom de la religion par nombre d’athlètes venant de pays de culture et de législation musulmane !

Les pressions iraniennes

Comme si les infractions commises par les femmes, sur injonction de leurs autorités publiques, ne valaient pas la peine que l’on s’y attarde (et puis cela vaut-il la peine de risquer de fâcher des partenaires puissants financièrement pour quelques voiles, tchadors, et schtroumpfettes dans le décor ?).

Or il faut rappeler que des championnes désertent (puis sont bannies à vie) pour pratiquer leur sport sans ces contraintes vestimentaires absurdes : Shiva Amini qui était la star du football iranien a été radiée à vie pour avoir disputé un match amical à l’étranger sans voile et en short, Dorsa Derakhshani, championne d’échecs a également été sanctionnée pour avoir disputé des tournois sans porter le voile. Elle joue maintenant pour les USA. Il ne faut pas oublier Sadaf Khadem, menacée d’emprisonnement si elle retournait dans son pays, après avoir disputé un match de boxe tête nue et en short, en France. Pour ajouter à sa faute elle était entraînée par un homme, le champion Mahyar Monshipour.

Récemment, la seule médaillée olympique d’Iran, Kimia Alizadeh (médaille de bronze en taekwondo à Rio 2016), a déclaré fuir l’hypocrisie d’un système qui utilise ses sportives à des fins politiques et les humilie. "J’ai porté tout ce qu’ils m’ont dit de porter", dit-elle en parlant du voile islamique. "J’ai répété tout ce qu’ils m’ont ordonné de dire" et "ils ont mis mes médailles au crédit du respect du voile obligatoire".

En dernier lieu, la Fédération iranienne d’échecs a radié Métra Hedjazipour, Grande Maîtresse d’Echecs pour avoir retiré son hidjab pendant le championnat du monde de Moscou ! Cette joueuse au parcours glorieux avait cédé en 2016 aux injonctions et loué le port du voile... Mais elle n’a plus supporté cette sujétion !Qu’attendent les autres? Un geste du CIO pardi !

Combien de temps encore nos autorités publiques politiques et sportives vont-elles détourner le regard devant cette propagande et cet assujettissement des femmes à des normes contraires aux règles et à l’esprit du sport, et de surcroît ici, à l’esprit républicain ? L’opportunisme de certains et peut-être la perspective de fin de carrière dans le giron du CIO retiendront-ils l’indignation que tout sportif, et plus généralement tout Français devrait exprimer devant la mascarade honteuse qui risque de s’étaler sous leurs yeux faute de réaction ?

Votre abonnement nous engage

En vous abonnant, vous soutenez le projet de la rédaction de Marianne : un journalisme libre, ni partisan, ni pactisant, toujours engagé ; un journalisme à la fois critique et force de proposition.

Natacha Polony, directrice de la rédaction de Marianne