Comment les mesures prises en France sont-elles perçues en Italie?

La décision de la France de ne pas avoir bloqué les vols en provenance de la Chine, de tracer les personnes classées à risque et de les placer en quarantaine a été vue comme une très bonne chose. Et d’un point de vue politique, la réaction du gouvernement a été saluée. Le nouveau ministre de la Santé [Olivier Véran, qui a pris le poste après le départ d’Agnès Buzyn] s’est emparé d’un dossier compliqué dès le début de son mandat. Il a géré la situation avec rationalité et beaucoup de sagesse. Notamment lorsqu’il a expliqué qu’il n’y avait pas de raison d’interdire aux supporters italiens d’assister au match entre l’OL et la Juventus.

L’autre message positif venait d’Emmanuel Macron : le fait qu’il n’ait pas douté une seule seconde de se rendre en Italie dans le cadre du sommet à Naples, et qu’il ait confirmé sa volonté de renforcer les relations transalpines, a envoyé un très bon message. Il a contredit les remarques complètement stupides sur une fermeture des frontières. Une bonne réaction dans un contexte où beaucoup de pays cèdent à la panique et à l’alarmisme, comme cela a pu être le cas du gouvernement italien d’ailleurs.

À ce propos, y a-t-il davantage de critiques envers la gestion du gouvernement italien?

En Italie, l’erreur a été politique. Lorsque le Premier ministre Giuseppe Conte a pointé du doigt l’hôpital de Codogno, c’était une critique stupide, une erreur de communication. L’Italie est un pays qui, culturellement, est très mélodramatique donc il y a toujours de grandes exagérations, une dose d’alarmisme. Surtout, la remarque était infondée. Les médecins ont justement réagi rapidement et efficacement. La Lombardie et la Vénétie sont des régions qui incarnent l’excellence médicale. Peut-être que si l’épicentre de la contagion s’était situé dans d’autres régions, la situation aurait été plus compliquée à gérer.

L’autre erreur italienne – que la France n’a pas commise – a été de bloquer les vols qui partaient ou revenaient de Chine. Cela a obligé les personnes à risque à prendre des vols indirects.

Mais il n’en reste pas moins que la France et l’Italie possèdent les meilleurs systèmes de santé au monde. C’est justement grâce à cette excellence que l’on a réussi à contenir la situation. Et après ses critiques, Conte a fait marche arrière, il s’est rendu compte qu’il avait exagéré, que c’est une situation, certes inattendue et compliquée, mais que l’on peut gérer.

Enfin, du point de vue des contrôles, l’Italie a été très rigoureuse, elle en a fait plusieurs milliers alors qu’en France, on n’en a compté que quelques centaines. C’est aussi pour cette raison que l’on a recensé plus de cas en Italie.

Comment est envisagée la suite de la situation?

Les déclarations de Macron et du ministre de la Santé laissent penser que la situation peut empirer en France. Sur une échelle de gradation [de la propagation du virus], Edouard Philippe a estimé que l’on se trouvait au premier de trois stades. Cela signifie qu’une épidémie est possible.

Certains médecins disent même que l’on a sous-estimé les chiffres. C’est une phase très incertaine et on est incapable de dire si Paris a conscience de la pleine étendue du virus. L’épidémie en France pourrait être équivalente à celle en Italie.

Toutefois, par rapport à d’autres pays comme l’Allemagne par exemple, la France apparaît mieux préparée pour réagir. Et ce, grâce à son excellent système de santé.