Les arbres figurent parmi les organismes qui vivent le plus longtemps sur la planète, certaines espèces tropicales pouvant vivre jusqu'à 600 ans. Leur capacité à traverser les siècles fait de ces plantes des témoins des révolutions et des changements majeurs qui ont rythmé l’Histoire de l’humanité jusqu’à présent. Les arbres encore vivants, gardiens de bien des secrets commencent cependant enfin à parler. C’est une équipe de chercheurs brésiliens, allemands et australiens qui est parvenue à "interroger" certains arbres de la forêt amazonienne, dont les révélations ont été publiées le 6 février 2020 dans la revue Trends in Plant Science.
Interroger le tronc des arbres
Les scientifiques ont mené une enquête pluridisciplinaire sur la connaissance passée d’arbres du bassin de l'Amazone, dont les villes-jardins, les paysages horticoles et la diversité d'espèces végétales spécifiques sont connus pour avoir soutenu des millions de peuples indigènes. Plusieurs examens ont en effet permis de reconstituer l’évolution de ces forêts en réponse aux facteurs externes auxquels elles étaient exposées, notamment celui des sociétés humaines : "En combinant des techniques telles que la dendrochronologie, l'analyse des isotopes du carbone et de l'oxygène, et la génétique, nous pouvons obtenir des informations sur le climat et les événements passés de la forêt tropicale causés par l'Homme", explique l’auteur principal de la publication Victor Caetano-Andrade. En premier lieu, la dendrochronologie, ou l’étude des anneaux dessinés dans le tronc des arbres, a permis d’analyser les modèles de croissance des arbres sur plusieurs centaines d’années, mettant en évidence les périodes de difficulté. Ces données, combinées au séquençage génétique des spécimens, ont été comparées avec les archives archéologiques et historiques disponibles des sociétés indigènes de la forêt tropicale. Les scientifiques ont ainsi pu évaluer, par exemple, comment les communautés indigènes ou les envahisseurs étrangers ont aménagé leur environnement local ou comment leurs actions ont influencé le comportement et les modes de croissance des arbres.
Les arbres figurent parmi les organismes qui vivent le plus longtemps sur la planète, certaines espèces tropicales pouvant vivre jusqu'à 600 ans. Leur capacité à traverser les siècles fait de ces plantes des témoins des révolutions et des changements majeurs qui ont rythmé l’Histoire de l’humanité jusqu’à présent. Les arbres encore vivants, gardiens de bien des secrets commencent cependant enfin à parler. C’est une équipe de chercheurs brésiliens, allemands et australiens qui est parvenue à "interroger" certains arbres de la forêt amazonienne, dont les révélations ont été publiées le 6 février 2020 dans la revue Trends in Plant Science.
Interroger le tronc des arbres
Les scientifiques ont mené une enquête pluridisciplinaire sur la connaissance passée d’arbres du bassin de l'Amazone, dont les villes-jardins, les paysages horticoles et la diversité d'espèces végétales spécifiques sont connus pour avoir soutenu des millions de peuples indigènes. Plusieurs examens ont en effet permis de reconstituer l’évolution de ces forêts en réponse aux facteurs externes auxquels elles étaient exposées, notamment celui des sociétés humaines : "En combinant des techniques telles que la dendrochronologie, l'analyse des isotopes du carbone et de l'oxygène, et la génétique, nous pouvons obtenir des informations sur le climat et les événements passés de la forêt tropicale causés par l'Homme", explique l’auteur principal de la publication Victor Caetano-Andrade. En premier lieu, la dendrochronologie, ou l’étude des anneaux dessinés dans le tronc des arbres, a permis d’analyser les modèles de croissance des arbres sur plusieurs centaines d’années, mettant en évidence les périodes de difficulté. Ces données, combinées au séquençage génétique des spécimens, ont été comparées avec les archives archéologiques et historiques disponibles des sociétés indigènes de la forêt tropicale. Les scientifiques ont ainsi pu évaluer, par exemple, comment les communautés indigènes ou les envahisseurs étrangers ont aménagé leur environnement local ou comment leurs actions ont influencé le comportement et les modes de croissance des arbres.
Des chercheurs échantillonnent un noyer du Brésil dans la forêt nationale de Tapirapé-Aquiri. © VICTOR CAETANO-ANDRADE
Une vision végétale de la colonisation des peuples indigènes
Une fois que la chronologie individuelle de la croissance de tous les arbres a été établie, l'analyse conjointe de plusieurs spécimens peut être utilisée pour analyser les schémas de recrutement, l’addition de nouveaux arbres à une population déjà existante, mais aussi les schémas de croissance de la productivité de la biomasse des arbres individuels et la dynamique des forêts dans une région donnée. Et tous ces paramètres sont très influençables par des facteurs extérieurs, comme l’intervention humaine. Dans leur étude, les chercheurs ont démontré que les peuples indigènes géraient et modifiaient la structure des forêts tropicales ainsi que les espèces qui cohabitaient avant l'arrivée des Européens. Par exemple, au moins 85 espèces d'arbres ont subi un certain degré de domestication, telles que l'açaí (Euterpe precatoria), le piquiarana (Caryocar glabrum), l'hévéa (Hevea brasiliensis) et le noyer du Brésil (B. excelsa), après une sélection faite par les indigènes. Puis, les colons sont arrivés, et les arbres en sont de très importants témoins.
L'expansion coloniale et la décimation des populations indigènes qu’elle a provoqué - due aux maladies européennes, à l'esclavage et à la guerre – ainsi que les nouvelles formes d'utilisation des terres ont modifié la gestion des forêts et la croissance des arbres en Amazonie. "Pendant la période précoloniale en Amazonie centrale, les populations de noyers du Brésil ont connu un fort recrutement et une forte croissance. Cependant, lorsque les colons européens ont envahi les tropiques, les populations indigènes ont abandonné le paysage, ce qui a conduit les noyers du Brésil à cesser de recruter pendant près de 70 ans. Cela montre comment la forêt répond activement à l'occupation humaine au fil du temps", illustre Victor Caetano-Andrade à l’aide d’un exemple.
Une véritable menace à l’héritage culturel de l'humanité
Gardiens de l’héritage des peuples passés, les arbres de la forêt amazonienne sont depuis de nombreuses années victimes de la déforestation qui en rase peu à peu la végétation luxuriante. L'analyse complète du génome et la comparaison dendrochronologique du climat et des modèles de croissance influencés par l’Homme dans certaines parties du monde offrent la possibilité de retracer les changements dans l'agriculture, la sélection des forêts et la gestion des terres à travers les périodes précoloniale, coloniale et industrielle. Ces données pourraient contribuer aux arguments qui défendent la thèse d'un début précoce de l'Anthropocène dans les contextes tropicaux en cette époque coloniale.
Traditionnellement, les arguments en faveur de la protection des forêts sont axés autour des services rendus par ces environnements cruciaux aux écosystèmes. Leur rôle au sein des cycles des nutriments, des sources alimentaires, des matériaux de construction, de la biodiversité et de la protection contre les catastrophes naturelles en font des trésors à sauvegarder. Cependant, leur contribution à la mémoire du patrimoine culturel et des connaissances sur la façon dont l'action humaine a façonné les forêts, dont une grande partie de l'humanité dépend, sont à ajouter à la liste des nombreuses raisons de protéger les forêts.