Image au microcospe du virus SARS-CoV-2, à l'origine du Covid-19

Image au microcospe du virus à l'origine du Covid-19.

Phanie/ AFP

Le démarrage en France des essais cliniques pour tester des traitements contre le Covid-19 est imminent - dès la fin de cette semaine ou, au plus tard, la semaine prochaine, selon nos informations. "Le protocole est prêt, nous attendons simplement les autorisations réglementaires, qui devraient arriver rapidement", explique Yazdan Yazdanpanah, chef du service des maladies infectieuses de l'Hôpital Bichat à Paris (AP-HP), également directeur de l'Institut thématique immunologie, inflammation, infectiologie et microbiologie de l'Inserm, et expert auprès de l'Organisation mondiale de la santé (OMS).

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En réalité, les scientifiques ont commencé à se préparer à cette éventualité dès l'annonce du démarrage de l'épidémie en Chine. Différents réseaux français et européens ont été mobilisés, en coordination avec l'OMS, de façon à éviter que chaque pays ne se lance de son côté. "Plusieurs centaines d'établissements en Europe sont déjà connectés, les modalités de recueil des données des patients et de réalisation des études ont été harmonisées, et les comités d'éthiques ont été saisis. Il ne reste plus qu'à choisir les médicaments", détaille le Pr Herman Goosens, microbiologiste à Anvers (Belgique) et coordinateur du réseau européen Prepare. En France, les ministères de la santé et de la recherche ont d'ores et déjà débloqué des fonds.

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Les patients avec des formes sévères de pneumonie seront les premiers à se voir inclus. "Nous testerons en priorité le remdesivir", précise le Pr Yazdanpanah. Des discussions sont en cours avec l'OMS et les distributeurs pour s'assurer de la disponibilité de cette molécule. Cet antiviral fait déjà l'objet de deux protocoles de recherche en Chine, dont les premiers résultats sont attendus pour le courant du mois de mars selon l'OMS. Les Etats-Unis viennent aussi de lancer un essai. Développé initialement par le laboratoire américain Gilead contre Ebola, le remdesivir avait échoué à montrer une efficacité supérieure à d'autres produits contre cette fièvre hémorragique. Il a néanmoins été testé contre le Mers, et il suscite de nombreux espoirs aujourd'hui contre le Covid-19 car il s'attaque à la machinerie du virus en inhibant l'enzyme qui lui permet de se répliquer. "Son innocuité a déjà été démontrée, mais nous devons absolument vérifier son efficacité dans le cadre d'essais cliniques comparatifs car, pour l'instant, il n'y a aucune certitude", nuance le Pr Yazdanpanah.

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Le protocole français évoluera en fonction des résultats des différentes études menées actuellement dans le monde, et d'autres molécules pourraient suivre, seules ou en combinaison. Car l'effort de recherche est massif : plus de 80 essais cliniques avec des traitements existants seraient en cours, selon la revue Nature, sans compter les nombreux travaux plus fondamentaux pour trouver de nouveaux médicaments.

A ce stade, les chercheurs espèrent beaucoup de l'arrivée prochaine d'anticorps monoclonaux, que plusieurs laboratoires ont commencé à élaborer. "L'objectif est d'administrer aux malades des anticorps de patients convalescents, décrypte Bruno Hoen, directeur médical de l'Institut Pasteur. Pour cela, on peut recourir à la plasmathérapie, qui consiste à injecter directement du plasma prélevé chez les malades. Mais il est aussi possible de purifier ce plasma pour récupérer uniquement les anticorps, ou alors les faire synthétiser dans des bioréacteurs, par des lignées de lymphocytes." Une de ses équipes s'est lancée dans la première étape du processus : sélectionner les anticorps associés à la meilleure protection contre le virus.

Les chercheurs français envisagent également de lancer assez rapidement un essai clinique dit de "chimioprophylaxie". Il s'agirait là non pas de guérir des malades, mais de trouver un médicament pour bloquer l'infection par le virus chez les sujets exposés, sur le modèle des anti-paludéens ou de la PREP contre le VIH. "Nous sommes en train de sélectionner une molécule, sur la base de données in vitro déjà publiées", indique Bruno Hoen. Les professionnels de santé, particulièrement à risque, seraient les premiers à pouvoir participer à ce type d'essai, et à en bénéficier si les résultats s'avéraient concluants.

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