POLITIQUE - “Ce n’est pas vrai, nous n’avons pas fait d’obstruction.” Invité de la matinale de France Inter ce lundi 2 mars, Jean-Luc Mélenchon a réfuté les accusations de la majorité qui dénonce à l’envi l’obstruction parlementaire des partis de la gauche de la gauche pour justifier l’usage du 49-3 pour clore les débats sur la réforme des retraites à l’Assemblée.
Le chef de file des députés Insoumis a ainsi contredit les chiffres avancés par les élus de la République en marche et estimé que l’obstruction de ses troupes était une “invention.”
“Nous n’avons pas fait d’obstruction au sens où on pouvait l’entendre parce que nous avons déposé en réalité 2000 amendements, multiplié par 17 (le nombre de députés Insoumis). Hors le règlement de l’Assemblée fait que quand un amendement est le même, quand vous en avez une pile de 17, ils passent par 17”, a ainsi expliqué l’ancien candidat à l’élection présidentielle, réfutant au passage un autre chiffre avancé par la majorité pour justifier l’usage du 49.3: celui des 700.000 sous-amendements prétendument déposés par les Insoumis.
“De même qu’était une invention le fait que nous ayons déposé 700.000 sous amendement”, s’est agacé Jean-Luc Mélenchon avant de poursuivre: “Nous avons fait ce que nous avons pu parce que nous savions qu’il était impossible de passer 70 articles en dix jours à la commission spéciale et dans le délai de temps fixé par le gouvernement. Si bien que nous avons déposé des amendements qui souvent sont de pure forme pour permettre d’intervenir sur des sujets qui nous intéressaient et qui étaient à d’autres endroits du texte.”
Quoiqu’il en soit, les dénégations du patron des députés insoumis à l’Assemblée nationale ont ulcéré les parlementaires de la majorité pestant depuis des jours contre l’attitude de l’opposition.
“Et la marmotte elle met le chocolat dans du papier alu”, a par exemple plaisanté la députée LREM de l’Hérault Coralie Dubost sur Twitter quand son collègue de l’Eure Bruno Questel n’hésitait pas à qualifier Jean-Luc Mélenchon de “grotesque” et “médiocre”.
Des critiques d’autant plus vives que les députés Insoumis qualifiaient eux-mêmes leur stratégie “d’obstruction.” “On va faire en sorte qu’ils ne puissent pas finir le 3 mars ou alors qu’ils aient besoin du 49-3”, déclarait par exemple l’élu insoumis Éric Coquerel, cité par l’AFP le 12 février.
En janvier, Jean-Luc Mélenchon “assumait” pour sa part cette pratique devant les caméras. “Nous allons assumer que nous faisons de l’obstruction. Parce que de la même manière qu’un syndicaliste fait grève pendant 43, 45, 50 jours et perd tout son salaire, les députés manqueraient à leur devoir s’ils n’utilisaient pas toutes les armes possibles pour retarder la décision finale.”
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