Le dernier cri d'Antonin Artaud : épisode • 2/4 du podcast La poésie, arme de réenchantement massive

Antonin Artaud ©Getty - Hulton Archive
Antonin Artaud ©Getty - Hulton Archive
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En 1947, la Radio-diffusion française commande à Antonin Artaud, tout juste revenu d'un séjour de neuf années à l'asile de Rodez, une oeuvre radiophonique inédite. Ce sera "Pour en finir avec le jugement de dieu".

Le poète veut "une œuvre neuve, où l’on sente tout le système nerveux comme éclairé au photophore. La radio est l’électrode, la voix le courant électrique, le public le corps social qu’il faut passer aux électrochocs". Evelyne Grossman pense que ce qui intéresse Artaud "c'est justement le corps tout entier, le corps avec toutes ses vibrations, le corps infini, c'est à dire avec la fécalité, avec l'ensemble de ce que fait et de ce que vit et de ce qu'agit le corps humain. Pour Artaud, le corps est explosif, c'est un corps atomique pour Artaud, en opposition avec le corps anatomique."

Avec cette oeuvre, Antonin Artaud pressent et dénonce la marche triomphale entamée par l'expansion américaine, dont nous serons, bientôt, les jouets. Mais il met surtout en scène son Théâtre de la cruauté, dont il a élaboré la théorie avant son enfermement, suite à son voyage sur la terre des Tarahumaras. Olivier Penot-Lacassagen nous éclaire "Qu'est ce qu'Artaud veut nous dire ? En finir avec le jugement de Dieu, c'est en finir avec l'homme. L'homme est mal fait. Il faut le refaire pour le soustraire à cette animalité inconsciente qui le tyrannise et à laquelle il se livre avec complaisance. Il faut donc le mettre à nu, lui faire un corps sans organe, rendu à sa liberté".

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Jugeant la pièce obscène, Wladimir Porché déprogramme l'émission la veille de sa diffusion, prévue le 2 février 1948... Un mois plus tard, Antonin Artaud disparaît et son oeuvre ne sera radiodiffusée qu'en mars 1973, sur France Culture.

Dessin de Maurice Henry
Dessin de Maurice Henry

Avec :

  • Evelyne Grossman, professeure de littérature française contemporaine à l’Université Paris Diderot Paris 7
  • Olivier Penot-Lacassagne, maître de conférences en littérature à l’université Sorbonne-Nouvelle (Paris 3)

Merci à Céline Pardo. Lecture des Etats préparatoires de "Pour en finir avec le jugement de dieu" et du "Théâtre de la cruauté" d'Antonin Artaud : Sarah Chaumette

Un documentaire de Stéphane Bonnefoi, réalisé par Anne Perez

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