Antonin Artaud le Mômo : épisode • 2/3 du podcast Sommes-nous tous fous ?

Antonin Artaud - BNF/ Gallica
Antonin Artaud - BNF/ Gallica
Antonin Artaud - BNF/ Gallica
Publicité

Evelyne Grossman s'occupe aujourd'hui avec un grand sérieux du cas Artaud.

Avec
  • Evelyne Grossman Professeure de littérature française contemporaine à l’Université Paris Diderot Paris 7

Dans sa correspondance avec Jacques Rivière, Artaud écrit : "Je souffre d'une effroyable maladie de l'esprit. Ma pensée m'abandonne, à tous les degrés." Toute sa vie, il n'aura de cesse de rendre compte des troubles qui l'affectent, de la douleur qui l'habite, et, même interné, il continue de produire. Alliant une acuité aiguë et une grande folie, l'oeuvre d'Artaud se confond avec son existence.

Le texte du jour

« Non, Van Gogh n’était pas fou, mais ses peintures étaient des feux grégeois, des bombes atomiques, dont l’angle de vision, à côté de toutes les autres peintures qui sévissaient à cette époque, eût été capable de déranger gravement le conformisme larvaire de la bourgeoisie Second Empire et des sbires de Thiers, de Gambetta, de Félix Faure, comme ceux de Napoléon III.

Publicité

Car ce n’est pas un certain conformisme de mœurs que la peinture de Van Gogh attaque, mais celui des institutions. Et même la nature extérieure, avec ses climats, ses marées et ses tempêtes d’équinoxe ne peut plus, après le passage de Van Gogh sur terre, garder la même gravitation.

A plus forte raison sur le plan social, les institutions se désagrègent et la médecine fait figure de cadavre inutilisable et éventé, qui déclare Van Gogh fou.

En face de la lucidité de Van Gogh qui travaille, la psychiatrie n’est plus qu’un réduit de gorilles eux-mêmes obsédés et persécutés et qui n’ont, pour pallier les plus épouvantables états de l’angoisse et de la suffocation humaines, qu’une ridicule terminologie, digne produit de leurs cerveaux tarés. »

Antonin Artaud, Van Gogh le suicidé de la société (Quarto Gallimard, 2004), p. 1440

Extraits

- Archive asile (source : Extrait de radio Archives « Aliénation et magie noire » du 16 02 1988 ; son d'origine "Les samedis de France Culture " par Christian Judicelly et Roger Vrigny)

- Archive lettre à Rivière (source : Les samedis de France Culture, 10/05/1975 par Jean-Luc Moreau)

Lectures

- Correspondance d’Antonin Artaud avec Jacques Rivière, publiée au début du recueil L’Ombilic des limbes (Gallimard, 1927) ; lettre du 6 juin 1924

- Antonin Artaud, Van Gogh le suicidé de la société (Quarto Gallimard, 2004), p. 1440

Références musicales

- Ulrich Krieger, 1+1

- Wilcookie+Artaud, Serious Drugs+Les malades et les médecins

- DJ Spooky, Nuuk Posse ‘poesi’ mixed with Artaud “Aliénation et magie noire”

L'équipe