Migrants : Erdogan exige le soutien de l'UE, heurts frontaliers

VIDÉO. Pour régler la crise migratoire et la situation en Syrie, le président turc exige que l'Union européenne soutienne les initiatives turques.

Source AFP

Temps de lecture : 4 min

Recep Tayyip Erdogan hausse le ton. Le président turc a pris la parole mercredi pour exiger que l'Union européenne soutienne les initiatives turques visant à régler le conflit en Syrie et la crise migratoire qui en découle. Vendredi, la Turquie a ouvert ses frontières avec l'Europe, permettant alors à des milliers d'individus de se rendre en Grèce. Une situation redoutée qui ravive le souvenir de la crise migratoire de 2015. Lundi, Erdogan avait d'ailleurs tenté déjà de faire pression sur l'Europe en agitant la menace de l'arrivée de « millions » de migrants sur le Vieux Continent.

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Une position qu'il maintient mercredi. « Si les pays européens veulent régler le problème, alors, ils doivent apporter leur soutien aux solutions politiques et humanitaires turques en Syrie », a déclaré Recep Tayyip Erdogan lors d'un discours à Ankara. La Turquie tente d'obtenir plus de soutien occidental en Syrie face au régime syrien et son allié russe. Après cette annonce, plusieurs milliers de personnes ont afflué au point de passage de Pazarkule. Plusieurs canots pneumatiques transportant des migrants sont en outre arrivés sur les îles égéennes de Lesbos, Chios et Samos. Plusieurs dirigeants européens ont qualifié de « chantage » la décision d'Ankara d'ouvrir ses frontières.

Lire aussi Luc de Barochez – Erdogan, idiot utile de Poutine

Un « chantage » controversé

Le ministre français des Affaires étrangères, Jean-Yves Le Drian, a affirmé mercredi que l'Europe ne « cédera pas au chantage » migratoire exercé, selon lui, par la Turquie et que ses frontières resteraient « fermées » aux migrants. À l'issue d'une visite à Ankara, le chef de la diplomatie européenne Josep Borrell a annoncé le déblocage d'une aide d'urgence de 170 millions d'euros « pour les plus vulnérables en Syrie ». La Turquie a, de son côté, rejeté les accusations de « chantage » proférées mercredi par plusieurs dirigeants européens. « Nous n'avons jamais considéré les réfugiés comme un moyen de chantage politique », a assuré le porte-parole de la présidence turque, Ibrahim Kalin, lors d'une conférence de presse à Ankara.

Sur le terrain, de nouvelles échauffourées ont éclaté au poste-frontière de Pazarkule (Kastanies, côté grec). Des migrants ont lancé des pierres en direction des forces de sécurité grecques qui ont riposté en faisant usage de gaz lacrymogènes. Le gouvernorat d'Edirne (nord-ouest de la Turquie) a affirmé, dans un communiqué, que six migrants qui tentaient de traverser à Pazarkule avaient été blessés par des tirs grecs. L'un d'eux a succombé à ses blessures à la poitrine, selon cette source. Un photographe de l'Agence France-Presse a vu un migrant blessé à la jambe par des tirs en provenance du côté grec. Un autre reporter de l'Agence France-Presse a vu un migrant dans un hôpital turc non loin qui présentait une plaie au tibia saignant abondamment. Athènes, qui accuse Ankara de propager de fausses informations, a affirmé que des policiers turcs avaient tiré des grenades lacrymogènes contre les policiers grecs à Pazarkule.

La commissaire européenne aux Affaires intérieures, Ylva Johansson, a rappelé, mercredi, que la « protection des frontières » de l'UE devait se faire « dans le plein respect des droits fondamentaux », tout en soulignant que la Grèce était confrontée à une situation « exceptionnelle ». Depuis l'ouverture des frontières par Ankara, quelque 1 720 migrants ont rejoint les îles de la mer Égée, selon Athènes, s'ajoutant aux 38 000 exilés déjà présents sur ces territoires grecs.

Trêve en Syrie ?

Ankara, qui accueille déjà 3,6 millions de Syriens sur son sol, réclame, depuis plusieurs mois, la création d'une « zone de sécurité » dans le nord de la Syrie pour y installer les personnes déplacées. Après plusieurs semaines d'escalade des tensions dans cette région, Ankara a déclenché la semaine dernière une offensive contre le régime. Le ministère turc de la Défense a annoncé, mercredi, la mort de deux nouveaux soldats dans des tirs du régime, portant à près de 40 les pertes depuis la semaine dernière à Idleb. La Turquie, qui a abattu mardi un avion du régime, le troisième depuis dimanche, a multiplié ces derniers jours les frappes de drones. Neuf combattants prorégime ont été tués mercredi dans une attaque de drone, selon l'Observatoire syrien des droits de l'homme, une ONG.

Ces affrontements se produisent à la veille d'une rencontre cruciale à Moscou entre Recep Tayyip Erdogan et le président russe Vladimir Poutine, dont le pays appuie militairement le régime de Bachar el-Assad. Le président turc a indiqué, mercredi, qu'il espérait arracher « un cessez-le-feu le plus rapidement possible » lors de ce sommet. La chancelière allemande Angela Merkel, par la voix d'une porte-parole, a demandé aux deux dirigeants d'établir une zone de sécurité dans la région pour assurer l'approvisionnement des populations déplacées.

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Commentaires (29)

  • Legoff

    "Dire que certains envisagent encore une entrée de la Turquie dans l’Union Européenne"
    " tous ceux qui affirment que la Turquie a vocation à faire partie de l'Europe"

    Qui ?
    des noms svp

  • jupicron

    Les Sultans ottomans pouvaient exiger pas leur descendant qui aimerait tant leur ressembler.
    il ne devrait pas oublier cette fameuse phrase "qui sème le vent récolte la tempête"

  • Russalka8

    Il a déjà empoché une tres coquette somme versée par l'UE et il se lance dans le chantage tous azimuts,
    J'espère que cela fera réfléchir tous ceux qui affirment que la Turquie a vocation à faire partie de l'Europe. Pour le moment elle y met le foutoir et je suis polie.