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Jour du dérèglement : à compter de jeudi 5 mars, la France a une dette climatique

Une étude du cabinet de conseil Carbone 4 évalue les émissions françaises à quelque 450 millions de tonnes équivalent dioxyde de carbone pour 2020, alors que le pays s’est fixé un plafond annuel de 80 millions d’ici à 2050.

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Publié le 04 mars 2020 à 10h22, modifié le 05 mars 2020 à 14h45

Temps de Lecture 2 min.

La mer de Glace, près de Chamonix (Haute-Savoie), lors de la visite d’Emmanuel Macron, le 13 février.

Il y avait déjà le jour du dépassement, la date à laquelle l’humanité a consommé l’ensemble des ressources que la Terre peut régénérer en un an – le 29 juillet en 2019. Il y a désormais le jour du dérèglement : jeudi 5 mars, en à peine plus de deux mois, la France aura émis tous les gaz à effet de serre qu’elle pourrait rejeter en une année si elle respectait aujourd’hui l’objectif de neutralité carbone qu’elle s’est fixé pour 2050. Un objectif que le pays n’atteindra au rythme actuel des émissions qu’en… 2085.

Voilà le calcul réalisé par le cabinet de conseil Carbone 4 pour les quatre associations de « L’affaire du siècle » – Notre affaire à tous, Greenpeace France, Oxfam France et la Fondation Nicolas Hulot pour la nature et l’homme (FNH) –, engagées dans un recours juridique contre l’Etat pour inaction climatique et soutenues par 2,3 millions de signataires d’une pétition en ligne. Pour parvenir à ce résultat, Carbone 4 s’est appuyé sur les chiffres contenus dans la Stratégie nationale bas carbone (SNBC), l’outil de pilotage de la politique climatique du pays.

Pour être neutre en carbone d’ici au milieu du siècle, la France ne devra pas dépasser un plafond annuel d’émissions de 80 millions de tonnes équivalent CO2 – des rejets considérés comme incompressibles (dans l’agriculture notamment), qui seront compensés par des puits de carbone naturels (forêts, prairies, etc.) ou par des techniques de séquestration. Or, les émissions françaises devraient atteindre cette année autour de 450 millions de tonnes équivalent CO2 – selon une projection réalisée par Carbone 4 –, soit plus de cinq fois plus.

Plus qu’une génération pour changer la donne

« On savait que la France n’était pas sur les rails, mais pas qu’il y avait autant de chemin à parcourir. Il ne reste qu’une génération – trente ans – pour faire reculer le jour du dérèglement de 300 jours, jusqu’au 31 décembre, prévient Célia Gautier, responsable climat-énergie à la FNH. Chaque jour où l’on procrastine vient creuser notre dette climatique. Or, on ne voit aucune redirection du gouvernement par rapport au retard accumulé. »

Ce jour du dérèglement illustre d’une nouvelle façon un retard que le Haut Conseil pour le climat avait déjà souligné dans son rapport de juin 2019. L’instance indépendante avait montré que le rythme de baisse des émissions (de 1,1 % par an sur la période 2015-2018) est nettement insuffisant pour atteindre la neutralité carbone, en raison essentiellement de blocages dans les transports et le bâtiment.

Le gouvernement, dans le rouge, a décidé de réviser la SNBC afin d’augmenter les budgets carbone – c’est-à-dire les plafonds d’émissions – prévus entre 2019 et 2023. Autrement dit, la France s’autorise à rejeter dans l’atmosphère davantage de gaz à effet de serre à court terme, un retard qui l’obligera à redoubler d’efforts sur le long terme – sauf à manquer son objectif.

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