Très attendue, la loi climat de la commission européenne, présentée mercredi 4 mars, entérine le principe de neutralité carbone en 2050 et confirme le lancement d'une taxe carbone aux frontières. Une loi jugée insuffisante par Greta Thunberg. La jeune activiste, qui était invitée à Bruxelles pour l’occasion, estime que le texte constitue une "capitulation".

Les applaudissements durent plusieurs minutes et les parlementaires européens finissent par se lever pour saluer le discours de Greta Thunberg à la tribune. La jeune activiste suédoise, invitée à Bruxelles pour la présentation de la loi climat européenne par la Commission européenne (1), vient pourtant de réduire en morceaux le texte qui constitue selon elle "une capitulation". 
"Depuis un an et demi, nous sacrifions notre éducation pour protester contre votre inaction. Vous voyez que la maison brûle mais vous faites comme si de rien n’était, sans même prévenir les pompiers", leur a-t-elle lancé quelques minutes auparavant. "Cette loi ignore les budgets carbone que la science a fixé et entérine un objectif 2050 bien trop lointain. C’est une capitulation et nous ne vous laisserons pas capituler sur notre futur", a conclu Greta Thunberg.
La taxe carbone aux frontières est lancée
Bras juridique du Pacte vert européen, la loi climat européenne entérine l’objectif de neutralité carbone en 2050. "Un objectif qui doit être endossé par tous les pays", a précisé Frans Timmermans, le vice-président exécutif de la Commission européenne. Le texte prévoit également d’évaluer tous les cinq ans les mesures prises au regard de cet objectif et d’adresser des recommandations aux États membres dont les actions seraient jugées insuffisantes. Ceux-ci auront l’obligation d’y donner suite ou de justifier leur inaction auprès de la Commission.
La mise en place d’un mécanisme d’ajustement carbone aux frontières (taxe carbone) est confirmée afin d’éviter les fuites de carbone et assurer la compétitivité des industriels européens. Il s’agit d’appliquer un tarif douanier sur les produits importés en fonction de leur empreinte carbone. Ce mécanisme devrait voir le jour rapidement, selon les ministres européens du Commerce et de l’Industrie, avec une première étude d’impact qui vient d’être publiée.
"Cette feuille de route pour les 30 prochaines années va nous guider dans la construction d’un nouveau modèle de croissance", veut croire Ursula von der Leyen, la présidente de la Commission européenne. "Cet acte apporte de la prévisibilité et de la transparence à l’industrie et aux investisseurs européens. Il nous permet de nous positionner en tant que leaders et de pousser nos partenaires à nous suivre", a-t-elle ajouté.
Pas d’objectif pour 2030 avant 2021
Sans surprise, le texte ne fixe pas de nouvel objectif intermédiaire pour 2030. Dans une lettre publiée mardi 3 mars, 12 États membres, dont la France, avaient appelé la Commission à présenter au plus tard en juin 2020 la révision de la contribution climatique européenne (NDC) dans le cadre de l’accord de Paris et ainsi avoir un effet d’entraînement pour la COP26. L’objectif initial de l’UE est de – 40% (par rapport à 1990), et la Commission a annoncé une étude d’impact pour fixer un nouvel objectif compris entre -50% à -55%.
Seulement, les résultats ne devraient être connus qu’en septembre et les votes par le Parlement et le Conseil n’aboutiraient qu’en 2021, après le sommet climatique décisif de Glasgow. "Certains nous accusent de perdre du temps mais je crois au contraire que nous allons en gagner", se justifie Frans Timmermans. "Nous nous assurons de mesurer tous les impacts afin que les objectifs soient endossés par tous et que les faits ne soient pas contestés", a-t-il expliqué.
Dans une autre tribune publiée en amont de la présentation de la loi climatique, 34 jeunes, parmi lesquels Greta Thunberg, dénonçaient le fait que la crise climatique n’ait jamais été traitée comme telle. "Ce que nous avons dit à Greta ce matin c’est que sans le mouvement qu’elle a inspiré, nous n’aurions probablement pas eu ce Pacte vert ni cette loi. Nous ne sommes pas d’accord et ce n’est pas un problème", leur a simplement répondu le vice-président exécutif de la Commission. Une nouvelle mobilisation de la jeunesse est prévue le 13 mars partout dans le monde. Greta Thunberg défilera quant à elle en France.  
Concepcion Alvarez, @conce1
(1) Voir la proposition de loi européenne pour le climat

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