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Coronavirus : quand des usines chinoises font semblant de reprendre

Sous pression pour tenir les objectifs, des autorités locales ont discrètement demandé aux usines de faire tourner les machines à vide, de laisser les lumières et les climatiseurs allumés pour entraîner une surconsommation artificielle d'électricité, un indicateur de reprise d'activité régulièrement cité à Pékin, révèle le journal « Caixin ».

Alors que la propagation de l'épidémie de Covid-19 ralentit en Chine, Xi Jinping a demandé « des mesures ciblées » et solides pour faire progresser la reprise du travail.
Alors que la propagation de l'épidémie de Covid-19 ralentit en Chine, Xi Jinping a demandé « des mesures ciblées » et solides pour faire progresser la reprise du travail. (Noël Celis/AFP)

Par Frédéric Schaeffer

Publié le 5 mars 2020 à 06:34Mis à jour le 5 mars 2020 à 15:45

Remettre la Chine au travail. Alors que la propagation de l'épidémie de coronavirus ralentit en Chine, le régime communiste met la pression sur les provinces et gouvernements locaux pour favoriser la reprise économique partout où cela est possible. Au cours d'une réunion mercredi du comité permanent du « politburo » - la plus haute instance du Parti -, le secrétaire général, Xi Jinping, a demandé « des mesures ciblées » et solides pour faire progresser la reprise du travail , a rapporté la presse officielle.

Mais sur le terrain, loin de la capitale chinoise, atteindre les objectifs fixés par Pékin est une sacrée paire de manches. Les autorités locales ont artificiellement gonflé les chiffres de reprises de l'activité, révèle une enquête du journal « Caixin ». Sous pression pour respecter les objectifs assignés, des chefs de district ont discrètement demandé aux usines de faire tourner les machines à vide, de laisser les lumières et les climatiseurs allumés, de manière à entraîner une surconsommation artificielle d'électricité, un indicateur de reprise d'activité régulièrement cité à Pékin.

Fraudes dans la province côtière du Zhejiang

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Plusieurs cas de fraude ont notamment été repérés dans la province côtière du Zhejiang, récemment saluée comme un modèle de la reprise industrielle du pays, avec un taux officiel de reprise du travail supérieur à 90 % la semaine dernière. Mais un fonctionnaire d'un district de Hangzhou, la capitale provinciale où siège Alibaba, a indiqué à « Caixin » que les usines avaient reçu l'ordre de laisser les machines tourner au ralenti tandis que les bureaux devaient garder les ordinateurs et les climatiseurs en marche, lorsque Pékin a commencé à examiner les chiffres de consommation d'énergie. Selon Caixin, le taux de reprise réel dans un parc industriel de Hangzhou au cours du week-end dernier était de 40 %, a estimé le fonctionnaire, bien en deçà de l'objectif de 75 %.

Une entreprise de la ville de Wenzhou, un important centre de commerce de la même province, a confirmé qu'elle avait reçu un objectif de consommation d'énergie égal à la moitié du niveau avant l'épidémie, et avait fait fonctionner ses climatiseurs toute la journée pour atteindre l'objectif.

Taux de reprise globale limité à 40 % en Chine

Le Zhejiang n'est pas le seul endroit où la réalité sur le terrain s'écarterait des chiffres du gouvernement. Dans la petite ville industrielle de Botou, à quelque 230 kilomètres au sud de Pékin, Caixin a découvert que des usines signalées par le gouvernement local comme ayant rouvert leurs portes n'avaient en fait pas repris la production. Les autorités locales auraient ici demandé aux entreprises de mentir sur le nombre d'employés effectivement retournés au travail, allant même jusqu'à conseiller directement les travailleurs sur la façon de mentir s'ils recevaient des appels d'inspecteurs.

Malgré la reprise annoncée dans plusieurs provinces, le cabinet d'études Trivium, basé à Pékin, n'estime le taux de reprise globale qu'à 40 % en Chine.

Frédéric Schaeffer (Correspondant à Pékin)

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