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GRECE

Grèce : migrants, journalistes et travailleurs humanitaires violemment agressés à Lesbos

Une voiture d'un convoi d'humanitaires attaquée et un photojournaliste agressé à Lesbos. Photos : Ameer Sharifzadeh/ capture d'écran Tiwtter
Une voiture d'un convoi d'humanitaires attaquée et un photojournaliste agressé à Lesbos. Photos : Ameer Sharifzadeh/ capture d'écran Tiwtter
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La tension est vive sur l'île grecque de Lesbos : migratns, humanitaires, journaslites se fotn tabassés par des groupes locaux, alors que de nombreux migrants ont débarqué sur l'ile dces derneirs jours après les annonces du président turc Recep Tayyip Erdogan, qui a déclaré ouvrir la frontière turco-grecque aux demandeurs d'asile.

Sur l’île, des habitants sont échaudés par le débarquement de nouvelles vagues de migrants, alors qu’un campement prévu pour 2 000 migrants en abrite finalement plus de 20 000. Par ailleurs, l’annonce de la construction d’un centre de détention avait déjà accru la tension d’un cran fin février.

Des vidéos relayées sur les réseaux sociaux ces derniers jours montrent des groupes d’hommes attaquer des travailleurs humanitaires et des journalistes, en plus des migrants. Dans une vidéo particulièrement violente, relayée sur les réseaux sociaux, des hommes frappent et donnent des coups de pied à  un journaliste, à la tête, et finissent par jeter son matériel photo dans l’eau. Il s’agit de Michael Trammer, un photojournaliste allemand de 25 ans, travaillant à Lesbos depuis deux semaines. Michael était au port au moment de l’agression. Il prenait des photos d’un bateau de migrants que les habitants empêchaient de débarquer.

“Les habitants poussaient au large une barque de migrants”

Des habitants se sont rassemblés et criaient au bateau “Va-t’en ! Va-t’en ! C’est un pays chrétien ici !”. Quelqu’un a tenté de pousser le bateau à l’aide d’un long bâton. Il y avait surtout des enfants à bord de cette embarcation. Je prenais des photos d’eux et puis je suis allé sur une autre jetée pour prendre plus de clichés de l’autre côté.

C’est là que des hommes m’ont vu et m’ont couru après. Les voyant arriver, j’ai rangé mes appareils photo dans mon sac et j’ai tenté de négocier avec eux. Rapidement, j’ai compris qu’il ne servait à rien de discuter. Ils ont commencé à me frapper.

Agression du photojournaliste Michael Krammer. 

“J’ai eu des points de suture”

Mes assaillants étaient tous de jeunes hommes grecs. Ils portaient des vêtements de sport et ils n’arrêtaient pas de me demander : “où est ton appareil photo ?”

Ils ont finalement jeté à l’eau mes appareils photos sous mes yeux, j’ai même pensé à plonger pour aller les chercher. Je travaille en freelance, et ces appareils coûtent 3 000 euros, plus 2 000 euros d’objectifs. J’ai aussi perdu la majeure partie de mon travail.

Après l’agression, j’ai eu des points de suture.  Ils agressent les gens afin de les empêcher de venir ici et d’aider les migrants. Or pour moi, c’est du travail. Et les agressions se répètent de plus en plus. Ils veulent se débarrasser des journalistes pour ne pas qu’ils rapportent ce qui se passe ici.

Je souligne toutefois que ce n’est pas le cas de tous les habitants de Lesbos. D’autres m’ont aidé et ont récupéré mes appareils photo pour moi.

Ce sont ces habitants qui ont emmené Michael Trammer à l'hôpital après l’agression. Depuis, il a quitté l’île après avoir reçu des menaces de mort en ligne.

“Ces gens veulent propager de la peur”

Des personnels humanitaires ont également été visés. C’est le cas d’Ameer Sharifzadeh, urgentiste à Chicago qui avait prévu de se rendre à Lesbos pendant quelques semaines pour aider les demandeurs d’asile. Il a renoncé après deux jours sur l’île : son convoi a été attaqué, la vitre arrière de la voiture où il se trouvait brisée.

Dimanche 1er mars, tout avait commencé comme une journée normale dans le camp où je travaillais, nous terminions notre service quand on m’a dit que des manifestations avaient commencé. Nous avons alors constaté que les bus ne fonctionnaient pas sur l’île.

Nous avons donc décidé de quitter le camp dans des voitures, conduit par des employés de Médecins sans frontières, en tout il y avait huit voitures circulant en convoi. Mais après quinze minutes de route, nous avons fait face à un barrage : une centaine de manifestants hostiles tenaient en main des chaînes, des battes de base-ball. Ils étaient à moto ou à bord de pick-up. Ils s’avançaient vers nous en nous criant de partir.

Ils se sont regroupés autour de nous, nous avons tenté de faire demi-tour, mais ils ont commencé à casser les vitres arrière des voitures, les huit véhicules ont eu leur vitres cassées. Nous avons voulu retourner au camp, mais sommes tombés sur un autre barrage donc nous nous sommes séparés pour regagner le camp par une rue adjacente.

“Les bénévoles médicaux sont clairement ciblés”

C’était terrifiant, nous sommes juste des bénévoles médicaux qui veulent aider les réfugiés. D’autres ONG ont été attaquées et des gens se sont retrouvés à l’hôpital. Les bénévoles sont clairement ciblés.

Nous sommes restés au camp de réfugiés pendant plusieurs heures jusqu’aux environs de 4 heures du matin, où l'occasion s’est présentée pour retourner à Mytilini.

Plusieurs ONG quittent les lieux ou suspendent temporairement leur activité. Ceci implique que des enfants, des femmes enceintes, des seniors et tous les migrants ont un accès limité - voire inexistant - aux soins de santé.

Ces hordes agressives veulent propager la peur et engendrer un climat dangereux pour les migrants, en pensant qu’ainsi ils ne viendront plus chercher refuge à Lesbos.

Des centaines de migrants ont débarqué à Lesbos depuis le week-end dernier. Le gouvernement grec a envoyé un navire de la marine qui servira à abriter 400 d’entre eux, vu que les camps de réfugiés sont surpeuplés sur l’île.

La Grèce a de son côté qualifié la situation de “menace directe à la sûreté nationale du pays”. Elle suspendra toutes les demandes d’asile pendant un mois, et a activé des mesures d’urgence lui permettant d’effectuer des déportations express. Deux décisions qui lui ont valu de sévères critiques d’organisations de droits humains.

Rien ne permet pour le moment d’affirmer que ces agresseurs soient uniquement des habitants de Lesbos, ou uniquement grecs.

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