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Le Covid-19, bien pire qu’une grippe

La pandémie qui ne veut pas dire son nom est incomparablement plus meurtrière que la grippe saisonnière. Et justifie les mesures actuellement observées

Deux membres du personnels hospitalier à Wuhan, le 3 mars 2019.  — © AFP
Deux membres du personnels hospitalier à Wuhan, le 3 mars 2019.  — © AFP

C’est l’un des commentaires les plus fréquemment reçus de la part de nos lecteurs et sur les réseaux sociaux: l’épidémie de Covid-19 serait incomparablement moins grave que celle de grippe saisonnière et ne mériterait par conséquent ni un tel traitement médiatique ni de pareilles mesures restrictives.

«L’épidémie de Covid-19 n’est qu’une simple grippe, médias et pouvoirs politiques en font trop»

Le cap des 3000 victimes du coronavirus SARS-CoV-2 a été dépassé le 2 mars. Chaque année, le virus de l’influenza responsable de la grippe tue de 290 000 à 650 000 personnes, d’après l’Organisation mondiale de la santé (OMS). Alors?

«Nous sommes face à des preuves scientifiques de plus en plus concordantes: l’épidémie de Covid-19 est incommensurablement plus grave que celle de grippe saisonnière», affirme pourtant Antoine Flahault, directeur de l’Institut de santé globale de l’Université de Genève.

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Comparons les mortalités respectives des deux maladies: de 1 à 3% pour le Covid-19 [le taux a été actualisé à 3,4% par l'OMS] contre 0,1% pour la grippe, soit un écart d’un facteur 10 à 30. Ecart vraisemblablement sous-estimé, rappelle Antoine Flahault: «Le 0,1% de la grippe renvoie à un «excès de mortalité» constaté en comparant les statistiques d’un mois avec grippe versus un mois sans. Ce chiffre englobe les décès directs et indirects liés à la maladie. Si l’on s’en tient uniquement aux décès cliniquement établis, comme c’est le cas dans les statistiques actuellement transmises pour le Covid-19, la mortalité directe de la grippe est inférieure à 0,01%.» Soit un facteur 100 d’écart, qui, compte tenu de la propagation internationale du virus, justifie de prendre des mesures.

Les restrictions actuellement observées sont basées sur d’indiscutables preuves scientifiques

«Les mesures prises sont inutiles ou injustifiées»

Interdictions de rassemblements, annulations de compétitions sportives, écoles qui ferment: les restrictions sont vivement critiquées. De telles mesures collectives sont mises en place lorsque les mesures individuelles (port de masque, isolement, etc.) ne suffisent plus à contenir la propagation du virus. Bien plus contraignantes, elles sont pourtant basées sur d’indiscutables preuves scientifiques. Une étude parue dans le Journal of the American Medical Association en 2007 et basée sur l’épidémie de grippe espagnole de 1918 a montré que les villes américaines ayant mis en place précocément et durablement de telles mesures ont significativement limité la mortalité comparé aux villes qui n’ont appliqué aucune restriction, ou à un moindre degré.

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«Nos systèmes de santé ne sont pas conçus pour faire face sereinement aux pics épidémiques, comme on le constate presque chaque hiver au moment des pics de grippe, rappelle Antoine Flahault. Les restrictions de rassemblement mises en place actuellement ne permettront probablement pas de bloquer l’arrivée de l’épidémie, mais elles peuvent contribuer à limiter substantiellement le nombre de cas simultanés, réduisant d’autant la tension sur les hôpitaux et l’ensemble du système de santé.» De quoi amortir les vagues épidémiques le temps que le virus disparaisse ou qu’un vaccin arrive.