Histoire

Michelle Perrot : “L'espace public, c’est l’affaire des hommes”

Dans la Place des femmes, l’historienne Michelle Perrot ausculte la recomposition des frontières entre les sexes qui continue de s’opérer au prix de multiples batailles.
Interview Pascale Tournier
Publié le 25/02/2020 à 18h07, mis à jour le 23/09/2021 à 16h54 • Lecture 6 min.
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Albert Harlingue / Roger-Viollet

Albert Harlingue / Roger-Viollet • ALBERT HARLINGUE / ROGER-VIOLLET

Vous abordez la question de l’égalité entre les hommes et les femmes de la fin du XVIIIe siècle au début du XXe siècle sous l’angle de l’espace, notamment dans la ville. Pourquoi ?

Comme le disait le philosophe Michel Foucault dans les années 1970, la spatialisation reflète une forme d’organisation du pouvoir. Ainsi, le fait qu’on ait longtemps interdit aux femmes de sortir la nuit en dit long. Une femme seule était vite considérée comme une prostituée. Autre exemple : la Bourse. Jusqu’à récemment, les femmes ne pouvaient pas y entrer. Car elles ne devaient pas spéculer. De même, une femme non accompagnée, au café, c’est suspect. Au XIXe siècle, elles ne se rendaient pas facilement non plus dans les grandes bibliothèques. Elles allaient plus volontiers dans des bibliothèques de quartier.

Pour résumer, la femme est cantonnée à l’espace privé, tandis que l’homme évolue dans le public…

Si cette répartition a toujours plus ou moins existé, elle a davantage été formalisée à partir du XIXe siècle. Les Anglais ont été les premiers penseurs de « la théorie des sphères publique et privée ». Après la Révolution, les Français ont besoin de réorganiser la société. Il n’y a plus les trois ordres pour la structurer. La départager avec, d’un côté, l’espace public, de l’autre, le privé, répond à cette nécessité. Le public, c’est l’affaire des hommes, avec au sommet la politique. Le privé renvoie

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Article paru dans :

Le choc Jean Vanier

Edition du 27 février 2020 (N°3887)

Interview Pascale Tournier

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