La France n’en finit pas de grignoter année après année une part croissante du marché mondial de l’armement. Selon les chiffres dévoilés, lundi 9 mars, par l’Institut international de recherche pour la paix de Stockholm (Sipri), la France a représenté 7,9 % des exportations de missiles, avions de chasse et navires de guerre sur la période allant de 2015 à 2019 : un record depuis 1990. Elle occupe ainsi la troisième place du marché mondial des ventes d’armement, alors qu’elle était cinquième lors des cinq années précédentes.
Les ventes d’armement tricolore ont grimpé de 72 % par rapport à la période comprise entre 2010 et 2014, pendant laquelle la part de marché de la France atteignait 4,8 %. Ce bond spectaculaire reflète les succès commerciaux de Dassault Aviation en Egypte et en Inde pour le Rafale ou encore ceux de Naval Group au Brésil et en Inde pour des sous-marins, en Egypte, en Malaisie et aux Emirats arabes unis pour des frégates. La France reste largement distancée au palmarès des principaux exportateurs par les Etats-Unis (36 % du marché) et la Russie (21 %).
Le commerce mondial des armes majeures se porte bien, avec une croissance de 5,5 % entre les deux périodes 2015-2019 et 2010-2014. Une large partie de cette progression provient des flux d’armes vers le Moyen-Orient (+ 61 %), région qui absorbe 35 % des importations mondiales du secteur. Premier pays importateur mondial, l’Arabie saoudite a augmenté à elle seule de 130 % ses achats.
Important pour la balance commerciale et la sécurité
Malgré les alertes émises par de nombreuses organisations des droits de l’homme sur les conditions de la guerre menée au Yémen, Riyad a continué à importer des armes en 2019, dont « 30 chasseurs et un grand nombre de missiles en provenance des Etats-Unis, des véhicules blindés venant du Canada et de France, des patrouilleurs de France ainsi que des missiles et avions d’entraînement britanniques », souligne le Sipri.
Entre 2015 et 2019, les Etats-Unis ont consolidé leur mainmise sur leur premier client : 73 % des achats d’armes de l’Arabie saoudite proviennent de l’Oncle Sam, 13 % du Royaume-Uni et 4,3 % de la France. Est-ce un hasard ? Seule l’Allemagne a décrété en 2019, après l’assassinat du journaliste Jamal Khashoggi (2 octobre 2018), un embargo sur ses exportations d’armes – « déjà limitées », note le Sipri – vers Riyad. Ce gel a été pointé, en février 2020, par le groupe Airbus comme l’une des difficultés l’ayant conduit à envisager un plan social de 2 362 postes dans ses activités de défense et du spatial en Europe.
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