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Coronavirus : comment en parler aux enfants ?

Claire Sejournet
Publié le 06/03/2020 à 09:51 Modifié le 26/10/2020 à 15:34
Coronavirus : comment en parler aux enfants ?

Alors que l’épidémie de Covid-19 se renforce en France, 150 établissements scolaires ont été fermés par mesure de précaution, privant 35000 à 45000 élèves de cours. Dans les établissements ouverts, les affiches et messages de prévention se multiplient. La psychanalyste Claude Halmos nous explique comment rassurer les enfants face à cette situation anxiogène.

Quels mots utiliser pour expliquer la situation à ses enfants ?
La première chose à faire, lorsque l’on veut informer un enfant, est toujours de lui demander ce qu’il sait déjà, ou ce qu’il imagine, de façon à partir de là où il en est ; c’est très important. Ensuite, il faut que les parents se rassurent : pour parler à un enfant, il n’y a pas de « bons mots ». Chaque parent parle comme il le peut, avec les mots qui lui viennent.

Il faut seulement, en ce qui concerne le coronavirus, éviter deux dangers :
*minimiser la gravité de la situation, en croyant le rassurer, car l’enfant (qui sent très bien, autour de lui, l’inquiétude des adultes), risque de penser qu’on lui cache la vérité ; et qu’on la lui cache parce qu’elle est encore pire que tout ce qu’il imagine.
*ou, au contraire, pour l’inciter à la prudence, lui faire un tableau terrifiant de la situation.

Il faut rester factuel.
*L’enfant, quel que soit son âge, a besoin de savoir qu’un virus, c’est à dire quelque chose que l’on ne voit pas, mais qui peut faire que l’on soit malade, circule.
*Il a besoin de connaître en quoi consiste la maladie que ce virus peut provoquer : de la fièvre, de la toux, des difficultés à respirer, (comme la grippe, qu’il connaît sans doute déjà).
*Il a besoin de savoir comment elle se transmet.
*Et il a besoin qu’on lui explique pourquoi tout le monde est inquiet : parce que le fait que beaucoup de gens puissent être malades en même temps (cela s’appelle une épidémie) est toujours problématique. Et parce que cette maladie, qui n’est pas dangereuse pour la majorité des gens, peut l’être pour certaines personnes, qui seraient déjà affaiblies.

Mais l’enfant a besoin aussi qu’on lui explique, parce que c’est rassurant pour lui, que les médecins se battent pour prévenir et soigner la maladie ; et tout ce que lui-même peut –et doit-faire pour se protéger, et protéger les autres.

De nombreux voyages scolaires sont annulés, tout comme des événements locaux ou nationaux auxquels les enfants auraient pu participer (salons, tournois sportifs, etc). Dans quelle mesure ces changements de programme intempestifs les affectent-ils ?
La façon dont l’enfant sera affecté dépend de ce qui lui aura été expliqué au départ. Si les choses sont claires pour lui, il n’aura pas de difficulté à comprendre que les annulations de voyages font partie des mesures prises pour limiter la propagation de l’épidémie. Et, les considérant dès lors, comme la preuve que les autorités se battent contre ce virus, les trouver rassurantes.

Que faire s’ils reviennent inquiets, anxieux ou paniqués de l’école à cause de rumeurs qu’ils ont entendu dans la cour de récréation ?
Il est important d’expliquer à l’enfant, là aussi dès le départ, que face à la situation actuelle, comme à beaucoup d’autres, certaines personnes peuvent raconter n’importe quoi. Et que donc, s’il entend des choses qui l’inquiètent, il ne doit pas les prendre « pour argent comptant », mais venir en parler, pour savoir si elles sont vraies.

Leur expliquer que les enfants sont moins touchés par le virus que les adultes est-il de nature à les rassurer ou cela risque-t-il créer un stress supplémentaire en les inquiétant pour leurs parents ou leurs grands-parents ?
Il est normal que des enfants, sachant que le coronavirus peut être dangereux pour des personnes âgées, ou affaiblies, puissent s’inquiéter pour leurs grands-parents. Mais il faut leur expliquer que d’une part, leurs grands-parents sont prévenus, et de ce fait, prudents. Et d’autre part que nous vivons dans un pays où la médecine est performante, et peut, s’ils sont malades, les prendre en charge, et les soigner.

Les mesures de prévention recommandées sont pour certaines des mesures d’hygiènes basiques. Faut-il utiliser la menace du virus pour insister sur ces gestes du quotidien qu’il serait dans tous les cas bon d’apprendre ?
Les mesures de prévention sont effectivement des mesures d’hygiène basiques. Le fait qu’elles soient aujourd’hui recommandées prouve d’ailleurs aux enfants que, loin d’être des exigences d’adultes, vides de sens, elles sont fondées sur une nécessité.

Mais il faut leur expliquer que, le virus circulant, elles sont encore plus nécessaires, et doivent donc être renforcées : il faut, par exemple, se laver les mains encore plus souvent qu’on ne le fait d’habitude. Tout cela peut être raconté aux enfants, d’une façon ludique : on peut leur expliquer que les virus sont des petites bêtes très malines. Mais que l’on va être plus malins qu’eux, leur faire la guerre, et la gagner. Et que l’on peut la gagner notamment parce que, dans cette guerre aux virus, chacun de nous, grand ou petit, dispose d’une arme de destruction massive : le lavage des mains.

Enfin il ne faut pas hésiter à profiter de ce temps d’explication pour donner à l’enfant l’envie d’apprendre. On peut acheter des petits livres, adaptés à son âge, sur le corps humain, les maladies, la découverte des microbes…et les lire avec lui. Et faire ainsi, d’une période difficile, un moment intéressant et riche en découvertes ; un moment enrichissant.

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Que l’épidémie de COVID-19 soit déclarée pandémie ou non, il est clair que la situation que nous vivons actuellement doit être considérée avec le plus grand sérieux. Le coronavirus SARS-CoV-2 se fiche bien de savoir s’il est à l’origine d’une pandémie : en moins de deux mois, il s’est propagé sur plusieurs continents. S’il est important de rendre compte de l’évolution de la situation, il faut également mettre l’accent sur les informations positives. Et elles existent aussi : voici dix bonnes nouvelles concernant le coronavirus.