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«Pelle le Conquérant»
Ce compagnonnage n’empêche pas Max von Sydow de s’exporter abondamment et avec beaucoup de discernement. S’il concède à la Scandinavie Pelle le Conquérant et Les Meilleurs Intentions, de Bille August, ou Les Emigrants, de Jan Troell, il fait le tour du monde des genres cinématographiques et des registres dramatiques. Il travaille avec les plus grands, Francesco Rosi, John Huston, Sydney Pollack, Mauro Bolognini, Lars von Trier, Wim Wenders, David Lynch (Dune), Steven Spielberg (Minority Report), Woody Allen (Hannah et ses sœurs), mais aussi, nul n’étant parfait, chez de gros nuls comme Eric-Emmanuel Schmitt (Oscar et la dame rose) ou Francis Huster (Un Homme et son chien)…
«De nombreuses personnes pensent qu’un acteur doit s’identifier au personnage. Moi pas, même si j’implique une part de moi-même quand je joue. J’estime que c’est une vertu de faire des choses qui ne viennent pas de soi. Telle est la conception suédoise de l’acteur», disait-il. Cette conception alliant la neutralité à l’efficacité a permis à Max von Sydow d’exceller dans 84 films et camper des personnages durablement installés dans l’imaginaire collectif, comme le prêtre de L’Exorciste.
L’empereur Ming
S’il peut se targuer d’avoir eu le redoutable honneur d’incarner Jésus (La Plus Grande Histoire jamais contée, 1965) et le diable (Le Bazaar de l’épouvante, 1993), Max von Sydow avait l’art de composer des méchants très convaincants. Il y a bien sûr l’empereur Ming dans Flash Gordon et le roi Osric dans Conan le Barbare mais aussi, plus sérieusement, le tueur à gages efficace et cynique des Trois Jours du condor, le vieux médecin nazi de Shutter Island et l’amiral Petrenko, son dernier rôle, antique ganache soviétique, dans Kursk. Il a même été pressenti pour tenir le rôle du Dr. No dans le premier James Bond, et pris sa revanche en 1983 en incarnant un autre ennemi de 007, Ernst Stavro Blofeld dans Jamais plus jamais.
Parmi les petits jobs pittoresques que l’immense comédien a décrochés, il faut mentionner la voix d’un fantôme dans Ghostbusters II et celle de la Corneille à trois yeux dans Game of Thrones. «Comédien, c’est une profession tellement étrange. Une chose si futile. Ce n’est pas comme fabriquer un meuble ou écrire un livre», affirmait celui qui avait l’ambition de rester un mystère. Aujourd’hui, la Mort a mis Max mat. Il avait presque 91 ans.