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Les Suédois s'inquiètent pour leurs retraites en partie placées en Bourse

Les fonds, qui recueillent une part des cotisations, ont perdu un tiers de leur valeur en 2008.

Par Olivier Truc

Publié le 23 février 2009 à 15h24, modifié le 24 février 2009 à 10h04

Temps de Lecture 3 min.

Souvent encensé en France, le système de retraite instauré en Suède au cours de la décennie passée est aujourd'hui source d'inquiétude pour la plupart des Suédois, qui voient fondre une partie de leur retraite placée d'office en Bourse.

"Je viens de recevoir mon enveloppe orange et c'est un choc en l'ouvrant", déclare Maria Beckius Aronsson, une employée du ministère suédois des affaires étrangères. Après trente-deux ans passés au service de l'Etat, cette Suédoise est effarée : "C'est avec ça qu'il faudra vivre ?". Comme beaucoup de Suédois, elle a commencé à épargner à titre privé, consciente que le système public ne suffit plus.

Depuis que la Suède a réformé son système de retraite, l'une des mesures les plus spectaculaires est l'introduction d'une retraite par capitalisation : une part des cotisations sociales payées par les salariés représentant 2,5 % de leur revenu est capitalisée, c'est-à-dire placée sur des fonds, généralement en actions, que chacun peut choisir et changer, parmi un catalogue de fonds privés ou publics (773 à ce jour) validés par une agence publique, PPM.

Après avoir augmenté de 30,2 % en 2005, 12 % en 2006 et 5,6 % en 2007, la valeur annuelle des fonds PPM a baissé en 2008 de 34,5 %. Et tous les ans, les Suédois reçoivent une enveloppe orange dans laquelle est projetée leur retraite future en fonction de l'âge auquel ils s'arrêteront de travailler (dans les exemples donnés, à 61 ans, 65 ans ou 70 ans) et de la croissance de l'économie (0 % ou 2 %).

Entre s'arrêter à 61 ans, lorsque la croissance est de 0 %, et à 70 ans lorsqu'elle est de 2 %, la retraite triple, passant de 900 à 3 000 euros brut par mois. "Ce n'est pas drôle d'ouvrir cette enveloppe, raconte Dan Rohlen, un coiffeur âgé de 61 ans qui officie dans le sud de Stockholm. Moi encore ça va, car je bénéficie en partie de l'ancien système qui était plus généreux. Mais pour les plus jeunes, ce sera dur."

En Suède, on peut percevoir ses droits à la retraite dès 61 ans, l'âge normal du départ est 65 ans et la loi protège les salariés jusqu'à 67 ans. Le nouveau système est limpide : plus on retarde l'âge du départ à la retraite, plus la retraite augmente puisque l'on a moins longtemps à vivre. Et on touchera plus si la croissance est bonne, et vice-versa. "Je pousserai peut-être jusqu'à 67 ans, réfléchit Dan Rohlen. D'abord parce que je trouve ça sympa de travailler. Et puis deux ans de plus, ça ferait environ 2 000 couronnes (180 euros) brut de plus par mois de retraite, ça peut valoir le coup."

Linda Wagenius, une bibliothécaire de 32 ans qui travaille depuis quatre ans pour la municipalité de Stockholm, ne s'intéresse pas à cette enveloppe. "Cela semble si loin. Et puis cela fait si peu d'argent que c'est déprimant". Comme beaucoup d'autres, Linda Wagelius a compris ce que les instigateurs du système voulaient que les Suédois comprennent : "Ce que je vois, c'est que ma retraite ne repose pas sur mon travail mais sur l'état de l'économie. Je ne suis pas sûre de pouvoir influencer ma retraite par mon travail".

Quand elle avait reçu la fameuse enveloppe orange pour la première fois, où on lui demandait de choisir sur quels fonds d'épargne placer ses 2,5 % de cotisations destinées à être capitalisées, Linda Wagenius avait barré le tout au gros feutre noir en écrivant en travers du formulaire qu'elle ne voulait pas "participer à ce foutu système capitaliste". Car, estimait-elle, cela ne fait que favoriser la spéculation.

Mais le système est tel que même si elle ne fait pas de choix actif, ses 2,5 % sont placés d'office sur un fonds d'Etat. Même contre leur volonté, les Suédois sont ainsi devenus acteurs de la Bourse.

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Dans les journaux, les experts en retraite tentent de calmer les esprits. Comme l'explique le quotidien Svenska Dagbladet, "les retraites ne rendent pas compte du développement actuel mais de l'évolution des prix l'année précédente et des salaires les trois dernières années". L'impact sera surtout sensible en 2010, mais les projections indiquent déjà une baisse des retraites de 4 % dès cette année.

Le gouvernement discute d'une éventuelle compensation, sans être plus précis pour l'instant. D'autres rappellent que le système par capitalisation ne représentera au total en moyenne qu'environ 14 % de la retraite. Et que les bonnes années qui ne manqueront pas de venir compenseront les aléas de la crise.

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