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« Notre réalité, en matière de violences faites aux femmes, c’est la présomption permanente de mensonge »

Plusieurs personnalités, dont Andréa Bescond, Caroline De Haas ou Muriel Salmona, s’indignent d’un texte signé par des avocates pénalistes défendant la présomption d’innocence. Pour elles, il est un déni du dysfonctionnement de l’institution judiciaire et du parcours des victimes.

Publié le 10 mars 2020 à 02h57, modifié le 10 mars 2020 à 10h39 Temps de Lecture 3 min.

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Une collage contre la violence à l’égard des femmes, le 25 novembre 2019 à Paris.

Tribune. Chaque fois qu’une femme victime de violence parle, le retour de bâton n’est pas loin. Dimanche 8 mars, il a pris la forme d’une tribune d’avocates pénalistes qui nous expliquent, dans Le Monde, pourquoi la parole des femmes victimes met en péril les fondamentaux du droit et de notre société.

Nous le disons très tranquillement : ces avocates se trompent. Elles pensent le monde judiciaire comme un monde protégé – par quel miracle, elles ne l’expliquent pas – de toutes les idées reçues, des inégalités et des violences qui traversent la société.

Les femmes sont des milliers à témoigner de la façon dont elles sont mal reçues au commissariat, à l’hôpital ou par leur entreprise lorsqu’elles dénoncent des violences. La justice est comme la santé, la police ou le monde du travail : elle n’est pas neutre. Comme toutes ces institutions, elle est pétrie des mécanismes de domination qui existent dans la société.

La réalité, c’est que des milliers de plaintes sont classées sans suite alors que les enquêtes de police ont produit le faisceau d’indices concordants qui permettait de juger leur cas.

La réalité, c’est que des femmes portent plainte pour violences au sein du couple et qu’on leur parle encore de devoir conjugal dans les audiences.

La réalité, c’est que des femmes en danger se voient refuser leur ordonnance de protection par des juges aux affaires familiales qui considèrent qu’il faudrait qu’elles portent plainte pour que cela soit sérieux.

La réalité, c’est que des enfants victimes de violences sont maintenus chez eux par des juges des enfants qui considèrent qu’il faut préserver le cadre familial.

La réalité, c’est que des pères violents gardent l’autorité parentale car des juges expliquent qu’un mauvais mari peut être un bon père (réponse : non).

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La réalité, c’est que des milliers de cas de viols sont jugés comme des agressions sexuelles au tribunal correctionnel au lieu de passer aux assises.

Notre réalité, c’est celle d’un ordre judiciaire qui fait montre aujourd’hui de violence à l’endroit des femmes victimes de violences et ne prend pas suffisamment en considération leur parole.

Notre réalité, c’est celle d’une présomption permanente de mensonge qui pèse sur les femmes victimes de violences. A peine ouvre-t-on la bouche qu’on le voit dans le regard de toutes celles et ceux qui nous accueillent. Ce regard qui dit : « Hum, vous êtes sûre ? », « Mais comment cela s’est passé ? », « Mais un viol, c’est-à-dire ? ». Ce regard nous glace. Ce regard nous réduit au silence.

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