Témoignage à Saint-Malo. Violences conjugales : « Pendant huit ans, j'ai vécu un enfer ! »

Devant le tribunal de Saint-Malo, une jeune femme est venue témoigner des graves violences que lui a fait subir son compagnon pendant huit ans.

Pendant huit ans, une jeune femme a vécu un véritable « enfer » avec son compagnon. (image d'illustration)
Pendant huit ans, une jeune femme a vécu un véritable « enfer » avec son compagnon. (image d’illustration) (©PxHere)
Voir mon actu

Devant le tribunal de Saint-Malo, jeudi 5 mars 2020, une jeune femme est venue témoigner des graves violences physiques et psychologiques que lui a fait subir son compagnon pendant huit ans. Celui-ci a été condamné à 18 mois de prison ferme.

À lire aussi

Ils se sont rencontrés en 2008, alors qu’elle n’avait que 16 ans. Lui avait une vingtaine d’années. Leur relation va durer jusqu’en 2016. Huit années d’un enfer au quotidien pour la jeune femme. Jeudi 5 mars, devant le tribunal de Saint-Malo, elle est venue témoigner courageusement pour expliquer comment cette histoire d’amour s’est transformée en cauchemar.

« J’étais sa chose »

« J’ai mis beaucoup de temps à parler. J’étais sous son emprise. Ma fille a été le déclencheur, car il fallait que je la protège », explique calmement Karine (1). « Je veux simplement qu’il reconnaisse qu’il m’a violentée pendant huit ans ».
Car dès le début de leur relation, les violences vont se mettre en place. D’abord sous forme d’insultes, puis avec des menaces, des coups et une emprise psychologique de plus en plus forte :

« Pendant huit ans, j’ai vécu un enfer. La dernière année, je n’étais plus rien. Il me répétait sans arrêt que je n’étais qu’une merde. Devant mon miroir, je me disais qu’il avait raison, que j’étais sa chose… »

Les violences physiques commencent à partir de 2010, avec une première gifle. Le couple s’est installé à Rennes et la jeune femme prend conscience de la grave dépendance à l’alcool de son compagnon : « Je l’ai découvert dans une voiture avec une bouteille d’alcool. À partir de là, on s’est souvent disputé. Il y a eu les violences verbales, cette gifle… Souvent, il m’attrapait par le bras et me jetait contre des meubles… »
Karine est aussi obligée de stopper ses études, pour travailler et subvenir aux besoins du couple. Car son compagnon sombre de plus en plus dans l’alcool.
Ce qui ne l’empêche pas de se montrer manipulateur. Il la soumet à un chantage au suicide : « Couteau en main, il menaçait de se taillader les veines, il se faisait des scarifications… » Après les disputes et les violences, il revient en pleurant, implorant le pardon de sa compagne, qui se sent de plus en plus seule :

« Au fil du temps, je n’avais plus de vie sociale. Je perdais mes amis et personne ne comprenait : aux yeux des autres, c’était une tête d’ange ! J’avais peur de déposer plainte ».

Il m’a dit : « C’est une corde pour que tu te pendes ! »

En 2014, le couple déménage dans les Côtes-d’Armor. Mais la situation ne s’améliore pas. Au contraire, les violences sont de pires en pires. Avec des menaces de mort de plus en plus terrifiantes :

« Un soir, alors que je rentrais du travail, il m’attendait et j’ai aperçu une corde qui pendait au niveau de la mezzanine. Il m’a dit : « C’est une corde, pour que tu te pendes, parce que j’en ai marre de voir ta gueule ! » ».

En 2015, Karine tombe enceinte. Les violences ne cessent pas pour autant : « J’étais enceinte de trois mois et demi. Lors d’une dispute, il m’a tiré les cheveux et m’a fait tombé sur le ventre… »
La naissance de sa fille marque cependant un tournant. Nous sommes en juin 2016. Karine termine son travail quand elle reçoit un appel de son compagnon :

« Il m’a dit : « Mais qu’est-ce que tu fous ! Ta gosse veut pas bouffer, magne ton cul, bitch ! ».

Au-delà des insultes, Karine a très peur pour sa fille. Quand elle rentre, la petite est en train de pleurer sur un coussin. Sa mère la prend et lui donne son biberon :

Vidéos : en ce moment sur Actu

« Elle s’est calmée. C’est peut-être ça qu’il n’a pas supporté… J’étais assise sur le canapé avec la petite. Il est arrivé par-derrière et j’ai reçu une gifle monumentale ! »

Le coup de trop. Karine va coucher sa fille et dit à son compagnon : « C’est fini ! ».

Très difficile de se reconstruire

La fin de leur relation ne va pas signifier la fin des menaces et des ennuis pour Karine. Des inquiétudes aussi, pour sa fille lorsqu’elle est chez son père. « J’essayais de maintenir des liens, dans l’optique que notre fille le fasse changer ». Jusqu’à l’incident de trop : le père, alcoolisé, a un accident de voiture, alors que sa fille est à l’arrière. Heureusement l’enfant n’est pas blessé.
La jeune femme explique aussi la difficulté pour elle de se reconstruire :

« Même si on est séparé depuis 2016, c’est très compliqué, car j’ai du mal à refaire confiance à un homme ».

À la barre, son ex-compagnon a reconnu, en partie, les agressions, parfois en minimisant. Il a changé de région et semble, enfin, entamer un suivi pour soigner sa dépendance à l’alcool. La procureure a cependant rappelé que l’alcool n’est pas une circonstance atténuante, mais aggravante.
Il a été condamné à trois ans de prison dont 18 mois avec sursis et obligation de suivre des soins. Il devra également verser 2600 euros à la victime.

(1) Le prénom de la victime a été modifié.

Dernières actualités

Le Pays Malouin

Voir plus
Le Journal jeudi 18 avril 2024 Lire le journal
Le Pays Malouin, Une du jeudi 18 avril 2024