Coronavirus : la com sans faute d'Olivier Véran

VIDÉO. Après avoir remplacé, au pied levé, Agnès Buzyn, partie en campagne, le ministre-neurologue s'impose comme un excellent communicant.

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Temps de lecture : 4 min

Quinze heures à peine après sa diffusion, la courte vidéo a déjà été vue plus de 500 000 fois. Sur le plateau de BFM TV lundi soir, interrogé sur le sens des mesures mises en place par le gouvernement pour contenir la propagation du coronavirus, Olivier Véran respire profondément et dégaine son crayon. Sur une feuille de papier, il dessine, en direct, une courbe très didactique publiée en 2007 par le Center for Desease Control and Prevention américain et reprise récemment par la revue The Lancet illustrant la courbe de propagation d'une épidémie.

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Sans mesures particulières, le pic de personnes infectées atteindrait inexorablement un seuil insoutenable pour notre système de santé, qui manquerait alors de lits. « L'objectif de notre politique qu'on appelle le freinage, explique alors le ministre, est de retarder le pic épidémique pour faire baisser le volume de malades, de manière à ce qu'on soit toujours en dessous du seuil de saturation.   »  Clair, concis, efficace et… Sourcé.

« LREM avait un banc de touche pour remplacer Agnès Buzyn »

Sur les réseaux sociaux, les commentateurs sont soufflés. « Quoi de plus rassurant qu'un ministre compétent ? » s'enflamme le philosophe Raphaël Enthoven. « La preuve que LREM avait un banc de touche pour remplacer Agnès Buzyn », estime un éditorialiste.

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Qu'importe que ce schéma ait été dessiné, ces derniers jours, par des spécialistes sur à peu près toutes les chaînes de télévision du monde, les Français n'ont pas l'habitude qu'on s'adresse à eux comme à des adultes, capables d'appréhender, pour peu qu'on les leur explique les notions les plus complexes. « Bluffant », Olivier Véran ? Ou, simplement, moderne ? « Une chose me frappe, décrypte l'expert en communication de crise Florian Silnicki, c'est la vitesse à laquelle il a supplanté Agnès Buzyn, que tout le monde jugeait extraordinaire. Il est en réalité beaucoup plus efficace. Agnès Buzyn utilisait beaucoup le “moi je”, asseyant son autorité sur sa légitimité de médecin. Son storytelling personnel faisait sa force : elle envoyait le message que tout était sous contrôle. Olivier Véran, lui, communique objectivement sur des faits dont il fait la pédagogie. Il sait s'effacer derrière l'expertise médicale et épidémiologique. Le message envoyé, différent, est que la santé publique ne se négocie pas. »

Et ça marche. « Vu le niveau de défiance dont souffrent les autorités, on ne peut pas se contenter de mettre en scène leur mobilisation. Les deux piliers d'une communication de crise sont : l'action, et l'information. Olivier Véran a trouvé le bon équilibre. » Au ministère, depuis le début de la crise, le duo qu'il forme avec le directeur général de la Santé Jérôme Salomon, qu'il connaît intimement pour avoir écrit avec lui le programme « santé » du candidat Macron, fonctionne à merveille. À l'un, la parole scientifique et le décompte des malades, énoncé avec clarté dans des points réguliers. À l'autre, le rôle politique d'information.

« Les gens veulent des blouses blanches ! »

Le soulagement exprimé, ces derniers jours, par nombre d'observateurs, qui soulignent que le niveau d'angoisse semble moins élevé aujourd'hui qu'au début de l'épidémie dans la population, révèle à quel point le gouvernement partait de loin. L'échec cuisant de la communication autour de la catastrophe de l'usine Lubrizol, à l'automne, a laissé des traces : «  À chaque fois qu'un événement a un impact sanitaire, on envoie l'administration, confiait alors au Point Olivier Véran, à l'époque député de l'Isère. Mais les gens veulent des blouses blanches ! Les médecins du travail de l'usine Lubrizol, eux, connaissent les produits qui étaient sur place. Ils savent ce qui est dangereux ou non. Est-ce qu'on les a mis à contribution ? »

En voulant à tout prix rassurer la population, sans être en mesure de livrer les éléments factuels susceptibles d'étayer ses dires (nom des produits, volumes concernés, comportement au feu…), le gouvernement a, sans le vouloir, alimenté les théories du complot. « Les débuts de la communication ont été tout aussi catastrophiques cette fois-ci », juge Florian Silnicki. « Quand le 24 janvier, la porte-parole du gouvernement Sibeth Ndiaye affirme que tout est parfaitement sous contrôle sans donner de détails, puis embraye sur les grèves, elle arme les complotistes. »

Un écueil que le nouveau ministre veut éviter à tout prix. Il veille scrupuleusement à la clarté de son propos, sur les médias traditionnels comme sur les réseaux sociaux. À Matignon, on s'alarme particulièrement de la vitesse à laquelle se propagent les fake news. Sur le compte Twitter du ministère de la Santé, de petites vidéos ont fleuri : «  Non, la cocaïne NE protège PAS contre le #Covid19. » Qui restent, malheureusement, encore très peu relayées.

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Commentaires (34)

  • MCB77

    Vous sortez cela d oú ? En dehors de ne rien faire et communiquer n’importe quoi plus pleurer en partant (ça rassure ça ? ) cela n’était pas dur de faire mieux... Même si je suis d accord qu il inspire confiance alors même si il commence de mentir ( pas de pénurie de masques ?)

  • Clo14

    Géraldine est amoureuse du bel Olivier, ?

  • guy bernard

    Le processus me semble particulièrement réussi dans sa progression, sa clarté et sa transparence et lorsqu'on imagine le point d'arrivée (le confinement), ce n’était pas joué d'avance.
    Quand la France veut gérer, elle sait le faire et bien, ce qui est rassurant et redonne espoir.