Plus de 20 000 personnes ont défilé, mercredi 8 avril à Athènes et dans d'autres villes grecques, à l'occasion de la grève générale de 24 heures appelée par les syndicats du privé et du public. Les transports maritimes et ferroviaires étaient à l'arrêt, seuls les aéroports fonctionnaient normalement.
Il s'agit de la première grève générale de l'année, organisée pour protester contre la poursuite de la politique de rigueur pour la cinquième année consécutive depuis l'éclatement de la crise de la dette.
Le mouvement social intervient au moment de l'annonce faite par le gouvernement du retour du pays sur les marchés après en avoir été exclu durant quatre ans à la suite de sa quasi-faillite en 2010.
Les conditions semblent en effet plus favorables aujourd'hui :
- Après six ans de récession et de rigueur, le pays a dégagé un excédent primaire en 2013 — une première depuis 2002
- Son PIB devrait croître de 0,6 % à 0,8 % en 2014.
DES ANNÉES DE SACRIFICES
Cette timide reprise ne s'est pourtant pas faite sans sacrifices. Les mesures prises par Athènes pour restaurer la viabilité de ses finances publiques en échange de l'argent frais de la troïka ont radicalement changé le visage de la Grèce et bouleversé le droit du travail. Le nombre de fonctionnaire a été drastiquement réduit, le salaire des agents restant raboté, parfois de moitié. Mercredi, le ministre de la fonction publique a avancé l'idée d'une remise en question de l'emploi à vie des fonctionnaires.
Plus largement, les services publics ont été mis au régime sec. Ainsi, la part du budget alloué à la santé est passée de 10,03 % à 9,16 % du PIB entre 2009 et 2012, selon l'Autorité statistique hellénique (Elstat). Près de 10 000 lits d'hôpital ont disparu et le recrutement du personnel hospitalier a été gelé. Dans l'éducation, les dépenses ont diminué de 28,3 % entre 2008 et 2013 et plafonneront à 5,1 milliards d'euros en 2014.
Lors de la grève générale de mercredi, les dirigeants syndicaux ont souligné que leur message s'adressait en particulier à l'Allemagne, dont la chancelière, Angela Merkel, doit rencontrer le premier ministre grec, Antonis Samaras, vendredi à Athènes. Par son poids prédominant au sein de l'UE, l'Allemagne a été l'un des plus fervents défenseurs des baisses des dépenses publiques et des hausses d'impôts exigées en contrepartie de l'aide financière de la troïka, équivalente à près de 240 milliards d'euros.
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