Dans l’Eure, la renaissance des moulins à eau le long de la Risle

Trois nouvelles centrales hydroélectriques ont vu le jour dans le département de l’Eure, dont la dernière, le moulin du Parc, à Beaumontel, près de Bernay.

 Le principe d’Archimède permet à la vis de produire de l’électricité verte.
Le principe d’Archimède permet à la vis de produire de l’électricité verte. Press30/Frédéric Durant

    Sur les 145 km du cours de la Risle, entre Orne et Eure, des centaines d'anciens moulin à eau jalonnent les berges, le plus souvent propriétés de particuliers. Après la Seconde Guerre mondiale et l'ère du pétrole à bon marché, ces installations ont cessé d'être profitables. Mais le prix de l'or noir et les nouveaux impératifs écologiques sont en passe de donner une seconde jeunesse au vieux principe d'Archimède et à la vis qui produit de l'électricité 7j/7 et 24H/24. C'est ainsi que trois nouvelles centrales ont vu le jour dans le département de l'Eure, dont la dernière, le moulin du Parc, à Beaumontel, près de Bernay.

    « Je fournis de l'électricité depuis longtemps avec une turbine de type Francis, explique Marc Bouttier, le propriétaire de cette ancienne minoterie. Mais avec la vis, c'est simple d'utilisation et d'entretien. Le poids de l'eau pousse l'escargot en chutant de 2,70 m. » Il ne manque pas non plus de le souligner, « la vis est ichtyo-compatible ». Autrement dit, « les poissons migrateurs comme le saumon, la truite de mer et les anguilles peuvent franchir l'obstacle sans se blesser ».

    Des passes pour protéger les poissons

    Après six ans de procédures et de travaux et un investissement de 300 000 euros, l'installation produit maintenant l'équivalent de 90kw annuellement soit la consommation, sans compter le chauffage, de 640 foyers. « Je revends le tout à Enedis à un tarif intéressant. C'est de la vraie, belle et propre électricité verte », se félicite l'exploitant.

    Et pourtant, avant de pouvoir admirer le tourbillon et d'entendre le chant de l'eau alimentant la turbine, « le chemin fut difficile ». « Même si les moulins ont le droit de produire sans autorisation, il faut une notification de la préfecture », explique Pierre Meyneng, président de l'association Valorisation du patrimoine hydroélectrique (VPH). « Et c'est là, poursuit ce propriétaire de deux microcentrales hydroélectrique, que se chevauchent, dans certaines régions, deux politiques. L'une qui consiste à favoriser la sauvegarde du patrimoine et le développement des nouvelles énergies et l'autre qui privilégie la renaturation de la rivière, qui veut supprimer toute trace de l'homme. »

    S'il approuve la réglementation qui oblige les propriétaires de moulins à installer des passes à poissons, Pierre Meyneng constate que l'État prône dans le même temps l'arasement des installations et subventionne les démolitions. « 250 moulins ont disparu dans le Calvados et la Seine-Maritime. Il y a pourtant un gros potentiel énergétique mais aussi de valorisation du patrimoine architectural et naturel », insiste-t-il. Ne serait-ce que pour prévenir les inondations, protéger la ressource en eau, la faune et la flore. « C'est notre combat », lance-t-il en voyant, rien que dans l'Eure, « plus d'une centaine de possibilités ».