Gérard Meys, gardien du temple de l’œuvre de son ami Jean Ferrat

Par Gérard Classe

Le 13 mars 2010, disparaissait Jean Ferrat. Son producteur Gérard Meys, garant de l’œuvre du chanteur, nous raconte leur amitié de 50 ans.

Le producteur Gérard Meys sort ce vendredi un album avec l’intégralité des chansons de Jean Ferrat mais également un inédit
Le producteur Gérard Meys sort ce vendredi un album avec l’intégralité des chansons de Jean Ferrat mais également un inédit (Photo Valérie Gérard)

« L’émotion est palpable chez la plupart des visiteurs. Ils entrent comme s’ils venaient le rencontrer chez lui », confie la jeune hôtesse d’accueil de la Maison Jean Ferrat sur la place d’Antraigues, dans l’Ardèche, le village où il repose après sa disparition le 13 mars 2010. Ici, le piano de Jean, sa guitare, ses partitions… Gérard Meys les connaît tant !

Ami intime et gardien du temple, (« Il m’a fait la vacherie de me faire garant testamentaire de son œuvre ») le producteur de l’intégralité des titres sort aujourd’hui : « Chansons interdites et déconseillées » un vinyle des œuvres victimes de censures (« Radios et télés subissaient d’innommables pressions ! »). S’y ajoutent deux CD de titres inoubliables, et l’inédit : « Qu’as-tu fait du temps des cerises ? ».

Ma Maison Jean Ferrat sur la place d’Antraigues, dans l’Ardèche
Ma Maison Jean Ferrat sur la place d’Antraigues, dans l’Ardèche

Comique et crooner


Quant à savoir si d’autres nouvelles chansons auraient pu aussi y figurer ? Gérard Meys est catégorique : « Je possède de nombreux enregistrements de Jean à l’état de maquettes mais elles ne seront jamais publiées, à sa demande, même post-orchestrées ». Ceci, dans une tout autre démarche que celle du collectif « Des airs de liberté - hommage à Jean Ferrat » qu’il produisit en mars 2015 avec 16 artistes différents. « J’ai pleinement adhéré à l’investissement de Marc Lavoine qui a Ferrat chevillé au cœur », se félicite Gérard Meys. « Il a beaucoup insisté pour la réalisation de cet album sur lequel il a voulu chanter « Camarade » ».

La rencontre entre Gérard Meys et celui qui se produisit d’abord sous le pseudo de Jean Laroche, date de 1958 : « Je travaillais alors chez Philips, lorsque la chanteuse et comédienne Christine Sèvres (la future Madame Ferrat) m’invita à auditionner Jean en cabaret. Son répertoire n’avait rien à voir avec la suite ! Un style mi-comique, mi crooner mais entrecoupé de titres intéressants dont il était le compositeur ».


« Aucun talent, aucun avenir »


Les coups de pouce aidant, un « disque souple » fut enregistré, mais pas retenu, dont un refus avec l’annotation cassante : « Aucun talent, pas d’avenir » ! « Je l’ai longtemps cachée » à Jean, sourit celui qui décrochera plus tard un premier contrat avec l’aide de Lucien Morisse, chef des programmes d’Europe 1 et de Daniel Filipacchi (« Salut les copains »), directeur artistique chez Decca. « Il me fit un contrat, en croyant plus en ma détermination qu’en l’avenir de Jean. Je dois beaucoup à ces personnes, autant qu’à Boris Vian qui me brancha sur l’édition musicale. Ferrat m’avait en effet confié toutes ses chansons que je proposais à différents artistes. »

Isabelle Aubret, Gérard Meys et Jean Ferrat, des sentiments fraternels les ont à jamais unis.
Isabelle Aubret, Gérard Meys et Jean Ferrat, des sentiments fraternels les ont à jamais unis. (Photo Seym)

Malgré « Ma Môme », le premier disque fut un succès d’estime. Puis arriva « Deux enfants au soleil » sur des paroles de Claude Delécluse. « Il paraît que ce fut le premier tube de l’été », en rit Gérard Meys, rendant hommage à Isabelle Aubret, qui en fit le succès que l’on sait avec plus de 100 000 disques vendus. « C’est là que nous nous sommes vraiment liés de grande amitié, Isabelle, Jean et moi », s’en félicite celui qui la produit, côté disque et scène, comme ce fut le cas avec Jean Ferrat. « Après la grande période Barclay (« Nuit et brouillard », « La montagne », « Ma France »…), et je tiens à rendre hommage à Eddy Barclay lui-même, nous avons fondé, Jean et moi, notre propre label Temey dans la continuité des concerts à grande échelle comme deux fois le Palais des sports, rempli durant plusieurs semaines en 1972 et des tournées dont l’inoubliable déplacement à Cuba de 1967. Sans oublier Zizi Jeanmaire qui lui permit de faire ses grands débuts à l’Alhambra de Paris en 1961.


Bientôt un film souvenir


Aujourd’hui, Isabelle Aubret, après un ultime Olympia, continue sa tournée d’adieu à travers la France. Les salles, toujours combles, attendent forcément les titres de celui qu’elle appelait « Tonton ». Ce fut à nouveau le cas dimanche à Douchy-les-Mines (Nord), après avoir inauguré une salle portant son nom dans sa ville de Marquette-lez-Lille (Nord). « En revanche, Jean ne voulait ni rue, ni place (sauf une à Ivry-sur-Seine, où il vécut) encore moins de statue. J’y veille, malgré les demandes qui affluent de partout. C’est une bagarre continuelle ». Gérard Meys, plus que jamais ravi de s’appuyer sur l’efficace Valérie Gérard, en place depuis 32 ans, qui travaille au montage d’un film (DVD et cinéma) de documents captés par lui durant toutes les années vécues auprès de son éternel ami.

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