Comment le Petit Albert devint-il le grand Einstein?

Albert Einstein en 1931 ©AFP
Albert Einstein en 1931 ©AFP
Albert Einstein en 1931 ©AFP
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1905. Un dénommé Albert Einstein, âgé de vingt-six ans, publie en l’espace de quelques mois cinq articles qui remettent en cause les fondements de la physique. Retour sur cette année "miraculeuse" avec l'historien des sciences Christian Bracco.

Avec
  • Christian Bracco Historien des sciences

L’année 1905 fut une année riche. Elle accueillit la mutinerie du cuirassé Potemkine, les créations du Pelléas et Mélisande de Schönberg, de La Mer de Debussy, du Partage de midi de Claudel, du Garçon à la pipe de Picasso, et la publication par Freud de _Trois essais sur la théorie sexuell_e, ce qui fait déjà beaucoup pour une seule année.

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Mais dans le domaine des sciences, 1905 fut carrément l’annus mirabilis de la physique ! Car c’est alors que se construisit à Berne, au calme, entre brevets, rêveries, soirées amicales, langes et babillages, un univers radicalement neuf que son auteur n’allait pas tarder à présenter à la face du monde. Au terme d’un cheminement dont l’inspiration et le déroulé précis demeurent en partie mystérieux, Albert Einstein, cet outsider qui n’appartenait ni au sérail universitaire ni à aucune académie officielle, rédigea cinq articles extraordinaires. Quatre d’entre eux déploient des idées littéralement révolutionnaires ou contiennent les ferments de théories nouvelles, “telles des fusées de repère qui, dans l’obscurité de la nuit, ont soudain jeté un éclair bref mais puissant sur une immense zone inconnue”, comme le dirait plus tard le physicien français Louis de Broglie.

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Si les historiens spécialisés sont capables de reconstituer avec une grande précision les nappes d’espace-temps qui ont entouré ces jets de singularité, aucun ne parvient jamais à les saisir en eux-mêmes, ni la loi de continuité qui les relie secrètement, ni par quelle exacte série d’événements obscurs la production de cette œuvre fut amenée.

Pour autant, est-il légitime de parler de miracle lorsqu’il s’agit de décrire la genèse des idées scientifiques ? N’y a-t-il pas moyen, en fouillant dans les détails, d’un peu comprendre dans quel cadre elles sont apparues, de saisir le contexte qui les a portées et le déclic qui les a fait finalement surgir ? Le vrai génie est sans doute affaire de fulgurances autant que de patience : la clarté finale ne s’éveille qu’après de longs errements, d’indispensables détours, des monomanies apparemment infructueuses, à l’issue desquels, finalement, d’un seul coup ou presque, tout change.

Dans le cas du jeune Einstein, comment tout cela s’est-il passé ?

Notre invité, Christian Bracco, est historien des sciences, maître de conférences à l’université de Nice Sophia-Antipolis et chercheur dans l’équipe « Histoire de l’astronomie » du département Syrte de l’Observatoire de Paris. Il est l'auteur de Quand Albert devient Einstein (CNRS éditions, 2017)

Programmation musicale

  • Ludwig Van Beethoven, Sonate à kreutzer op 47, 1er mouvement, version Jacques Thibaud, Pablo Casals, Alfred Cortot
  • Johannes Brahms, Sonate en sol majeur, 2e mouvement (adagio), version contemporaine Isabelle Faust - Alexander Melnikov

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