Après BP et Chevron, le Norvégien Equinor annonce l’abandon de ses projets d’exploration pétrolière dans la Grande baie australienne, au sud du pays, où vivent baleines, requins blancs et cachalots. Le groupe met en avant un manque de rentabilité mais il s’agit aussi de se mettre en cohérence avec son objectif de neutralité carbone et de répondre à la pression de la société civile et des investisseurs alors que le fonds souverain norvégien prévoit d’exclure le pétrole de son portefeuille.

Le groupe norvégien Equinor vient d’annoncer qu’il n’allait finalement pas forer dans la Grande baie australienne pour rechercher du pétrole. Le site est une zone de vêlage pour les baleines franches australes et un sanctuaire pour le grand requin blanc, le grand cachalot, le lion de mer australien, l’albatros ou l’aigle pêcheur. Avant lui, BP et Chevron avaient aussi décidé d’abandonner l’exploration pétrolière dans ce secteur.
L’entreprise a estimé que ce projet, qui avait pourtant obtenu il y a deux mois le feu vert du régulateur australien, n’était "pas rentable d’un point de vue commercial", au regard d’autres projets d’exploration. "Equinor a décidé de renoncer à ses projets de forage du puits d’exploration Stromlo-1, car celui-ci n’est pas rentable", a annoncé dans un communiqué le directeur d’Equinor Australia, Jone Stangeland. 
Pression des investisseurs  
Mais c’est aussi une façon pour le pétrolier de répondre à la pression de la société civile et des investisseurs face au risque climatique au moment où le fonds souverain norvégien prévoit de sortir du capital des entreprises exploratrices et productrices de pétrole et de gaz. Un signal fort envoyé aux marchés financiers qui vont sans aucun doute s’aligner sur cette prescription.
Equinor vient en outre de se fixer des objectifs de réduction de ses émissions de gaz à effet de serre. La compagnie pétrolière norvégienne a annoncé qu’elle réduirait de 40 % les émissions de ses opérations à terre ou en mer d’ici 2030, soit 5 millions de tonnes de CO2 en moins par an. Le plan d’Equinor prévoit ensuite de les réduire de 70 % d’ici 2040 et d’atteindre la quasi-neutralité d’ici 2050. Il prévoit également de poursuivre la diversification de ses activités et de s’orienter vers les énergies renouvelables, comme l’éolien offshore, ou encore le stockage de carbone.
Une résolution actionnariale déposée en novembre par le groupe d’actionnaires Follow This exige au pétrolier d’aller plus loin pour être véritablement aligné sur les objectifs de l’Accord de Paris. L’assemblée générale d’Equinor, le 14 mai prochain, devrait donc voir le sujet refaire surface. La décision de se retirer de la Grande baie australienne tombe à pic.  
Concepcion Alvarez avec AFP

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