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Récit

De Rome à Madrid, confinés et très contrôlés

En Italie et en Espagne, les forces de l’ordre veillent à ce que le confinement total soit respecté, avec risque d’amendes et de peines de prison.
par Arnaud Vaulerin, Photo Olmo CALVO
publié le 16 mars 2020 à 21h21

Fini l'espresso, les gelati ou les churros dégustés lors de balades en famille ou entre amis. Les déplacements dans les péninsules ibérique et italienne sont devenus très limités et soumis à un contrôle ferme des forces de sécurité. L'Italie est la première en Europe à avoir dégainé un arsenal de mesures pour «contenir la propagation du virus». Dans une série de décrets signés depuis la fin février, le président du Conseil, Giuseppe Conte a progressivement interdit les rassemblements, les compétitions et événements sportifs, fait fermer les écoles, collèges, lycées et universités, ainsi que tous les commerces non essentiels, et donné les démarches à suivre dans les transports et les administrations.

Patrouilles

Pour se déplacer (au-delà du centre de ravitaillement, du marchand de journaux ou de la pharmacie, qui sont tolérés), les Italiens doivent remplir le formulaire «Modulario interno 314» du ministère de l'Intérieur, téléchargeable en ligne. Et être en mesure de justifier les raisons impératives de leur trajet, qui doit être validé par la police. Plus de 6 000 personnes ont été verbalisées parce qu'elles circulaient sans justification ces derniers jours. Quiconque enfreint les règles risque une amende de 206 euros et trois mois de prison. Une peine pouvant aller jusqu'à six ans d'emprisonnement en cas de falsification de document.

Ces opérations de contrôle sont effectuées par les polices nationale et municipale et les carabiniers (gendarmes). Rien qu'à Rome, où le nombre de patrouilles a été renforcé la semaine dernière, plus de 24 000 contrôles ont été effectués le week-end passé, indiquait le quotidien Il Messaggero dimanche. Ceux-ci sont mobiles, au gré des patrouilles. Il est fréquent que la police demande aux enfants jouant au football dans les quartiers et les squares de rentrer chez eux et déconseille les sorties aux joggeurs, sans les pénaliser. Ceux qui sortent le chien disposent d'un alibi en or pour aller prendre un grand bol d'air bienvenu au temps du confinement sans fin. Depuis l'instauration des quarantaines, les transports en communs italiens n'ont pas été fermés mais ils sont désertés. L'armée ne reste qu'en appui de la police.

Désobéissance

En Espagne, les forces armées font partie du dispositif de lutte contre la propagation du virus, aux côtés de la police, de la Guardia civil et des forces régionales. L'Unité militaire d'urgence a été déployée sur le territoire pour des actions de désinfection et la préparation d'infrastructures susceptibles d'accueillir des malades. Le dispositif sécuritaire qui s'est mis en place sous l'égide du gouvernement prévoit des déploiements de troupes dans les rues pour surveiller la bonne application des règles de confinement, voire sanctionner. «L'objectif est de décharger les policiers de cette tâche afin qu'ils puissent se consacrer à des missions plus complexes», précisait dimanche le quotidien El País.

Ceux qui ne respectent pas les consignes de l'Etat d'urgence peuvent écoper d'une amende de 100 euros et d'une année d'emprisonnement. La loi sur la sécurité des citoyens prévoit des sanctions légères de 100 à 600 euros pour ceux qui enlèvent «les clôtures, rubans ou autres éléments fixes ou mobiles placés par les forces de sécurité pour délimiter les périmètres [de protection]». Elles risquent de s'élever à 30 000 euros en cas de désobéissance ou de résistance aux agents de la force publique, ainsi qu'en cas de divulgation de fausses informations. Les autorités espagnoles ont même établi une grille de peines financièrement très lourdes en cas de menaces graves et répétées à la santé de la population, aux biens et aux personnes. Bien évidemment, elles n'appliqueront pas ces mesures sans mise en garde. Mais face à la propagation inentamée du virus, la tolérance ne semble pas faire partie des remèdes.

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