Avec le coronavirus, des femmes se retrouvent enfermées avec leurs bourreaux: "Je n’arrête pas de recevoir des appels concernant des situations dramatiques"
C’est un message parmi d’autres, tout aussi alarmants ou impuissants. L’alerte est parvenue mardi, discrètement, par Facebook à cette association qui vient en aide aux femmes victimes de violences conjugales : “Mon compagnon a tenté de m’étrangler hier. Devant les enfants. Aidez-moi, s’il vous plaît”. La malheureuse n’a pas laissé d’autres informations, par crainte que son agresseur ne tombe sur le message tapé sur le PC familial. En ces temps de confinement, les victimes se retrouvent enfermées avec leurs bourreaux.
- Publié le 17-03-2020 à 17h24
- Mis à jour le 18-03-2020 à 17h09
C’est un message parmi d’autres, tout aussi alarmants ou impuissants. L’alerte est parvenue mardi, discrètement, par Facebook à cette association qui vient en aide aux femmes victimes de violences conjugales : “Mon compagnon a tenté de m’étrangler hier. Devant les enfants. Aidez-moi, s’il vous plaît”. La malheureuse n’a pas laissé d’autres informations, par crainte que son agresseur ne tombe sur le message tapé sur le PC familial. En ces temps de confinement, les victimes se retrouvent enfermées avec leurs bourreaux.
“Certaines maisons d’accueil n’hébergent plus dans l’urgence et cela nous inquiète fortement”, indique la responsable d’un refuge pour femmes battues à Liège. “Les risques de contamination par le coronavirus interdisent de laisser entrer des personnes supplémentaires dans des structures qui sont déjà saturées. Que va-t-il se passer pour toutes ces femmes qui ne sauront pas où aller ?”.
Une question qui taraude
Mardi, la ligne “Écoute violences conjugales” (appel gratuit au 0800/30.030) a relayé une campagne des associations féministes italiennes – qui ont expérimenté les premières la quarantaine – avec ce message : “Être confiné.e chez soi avec un homme violent est dangereux. Il est déconseillé de sortir. Mais il n’est pas interdit de fuir”.
La question taraude Hafida Bachir, secrétaire politique de Vie féminine. “La situation de confinement va accroître et amplifier les inégalités et les violences vécues par les femmes. Je n’arrête pas de recevoir des appels concernant des situations dramatiques”.
Pour beaucoup de femmes, le quasi-enfermement, entre quatre murs, avec un homme violent, va augmenter la fréquence des débordements, les scènes de coups, les insultes et – encore...– accentuer la violence, prédit une travailleuse en maison d’accueil, qui reste accessible 24 heures sur 24. “Quand on est obligé de rester chez soi, l’auteur est encore davantage dans le contrôle. Cela complique la situation et réduit les possibilités d’appeler à l’aide. Comment expliquer sa situation à un numéro vert quand on sait que l’autre est à deux mètres, qu’il vous épie et vous surveille et risque de tout entendre ? Quel prétexte trouver pour s’échapper et frapper à la porte d’un centre d’accueil ?”.
Les uns sur les autres en permanence
Dans un contexte de violence, le confinement empêche toute échappatoire. “Un boulot, même merdique, c’est une bouée pour ces femmes, une occasion de sortir de leur enfer. Là, c’est fini…”, s’angoisse une assistante sociale. La situation est encore pire dans les familles précarisées, qui s’entassent avec les enfants dans un logement exigu, où les mamans n’ont souvent pas d’espace pour elles-mêmes. “Ils se retrouvent les uns sur les autres en permanence, obligés d’être ensemble à longueur de journée. Ce sont des situations explosives”, relève encore Hafida Bachir. “Il va falloir être vigilant et trouver une solution aux situations de ces femmes. C’est aussi une urgence”.