Le Portugal n’avait pas connu une telle situation depuis l’avènement de la démocratie en 1974 : l’état d’urgence a été décrété dans le pays mercredi 18 mars par le président. Dans une allocution télévisée, Marcelo Rebelo de Sousa a, à son tour, déclaré la “guerre” au coronavirus.

“À période exceptionnelle, décision exceptionnelle”, a-t-il justifié, avant d’annoncer que le combat serait “long et intense” pour faire reculer la pandémie. Le Jornal de Notícias reprend en une son appel au peuple portugais : “Seule l’unité permet d’enrayer puis de vaincre des guerres.”

Un bras d’honneur au coronavirus

Évidemment, toute la presse du pays titre sur l’état d’urgence et les pleins pouvoirs donnés au gouvernement. À l’instar du journal Público, qui approuve dans son éditorial la réaction des autorités :

“Dans une période aussi instable que celle-ci, face à une telle calamité qui ne respecte aucune règle et ne connaît pas les frontières, il est sensé d’empêcher que des scénarios plus graves se produisent et de donner à l’État des pouvoirs exceptionnels pour y répondre, sans nuire à la Constitution.”

Le Jornal i, qui se lâche et adresse en une un bras d’honneur au coronavirus, annonce que le gouvernement a désormais toute latitude pour “restreindre les droits, les libertés et les garanties”. Les mesures concrètes seront annoncées dans la journée. L’idée d’un couvre-feu est déjà exclue, mais l’exécutif pourrait en revanche recourir à la réquisition civile.

“Nous ne capitulons pas, nous partons en guerre”

“Rien n’est obligatoire, mais tout est possible”, résume en manchette le Diário de Notícias, pour qui “l’état d’urgence est, avant toute chose, une vaste carte blanche donnée à António Costa”. Le Premier ministre a toutefois tenu à rassurer tout le monde mercredi soir : “Le pays ne sera pas bloqué et la démocratie ne sera pas suspendue.”

Le site de l’hebdomadaire Expresso, qui annonce déjà quelques restrictions relatives à la circulation des personnes et des biens, donne le ton :

“Nous entrons dans un tunnel et nous ignorons où il nous mènera.”

Le quotidien sportif A Bola publie exceptionnellement en une un édito dans lequel la métaphore sportive et guerrière est filée : “Nous jouons le match de notre vie et nous allons le gagner. Ensemble, toujours ensemble. Marcelo Rebelo de Sousa l’a souligné : ‘Nous sommes ainsi parce que nous sommes le Portugal’. Nous ne capitulons pas. Nous partons en guerre.”