Électricité : comment éviter le black-out

La filière électrique s'est adaptée dès les premiers signes de l'épidémie de coronavirus. Elle assure pouvoir tenir plusieurs mois sans craindre la coupure.

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La centrale de Cattenom, dans l'est de la France. EDF garantit pouvoir assurer une production normale pendant plus de trois mois.
La centrale de Cattenom, dans l'est de la France. EDF garantit pouvoir assurer une production normale pendant plus de trois mois. © JEAN-CHRISTOPHE VERHAEGEN / AFP

Temps de lecture : 4 min

La Force d'action rapide nucléaire est prête. Dans l'hypothèse où l'épidémie de coronavirus s'aggraverait, EDF l'a dotée de vivres, de lits de camp et de matériel de soins supplémentaires. Ses 300 agents, répartis sur cinq sites, sont prêts à intervenir, en hélicoptère, en barge, ou encore en camion tout-terrain. Formé d'agents très pointus, qui multiplient les exercices tout au long de l'année, ce GIGN du nucléaire peut prendre les commandes d'une centrale nucléaire avec une équipe réduite, en urgence. Ça n'est encore jamais arrivé. La Force d'action rapide nucléaire (Farn), créée au début des années 2000, n'est intervenue qu'une fois, pour une opération qui n'avait pas de lien avec le nucléaire. C'était à Saint-Martin, après le passage du cyclone Irma, en 2017. Mais EDF veille au grain. L'entreprise publique doit garantir la production d'électricité, quelle que soit l'étendue de l'épidémie.

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Toute la filière s'est adaptée pour faire face à ses effets potentiels sur la production et la distribution d'électricité. Le premier de ces effets, c'est l'absentéisme des agents chargés, surtout dans les centrales nucléaires et hydrauliques, de produire les électrons. EDF a suspecté plusieurs cas, notamment dans sa centrale normande de Flamanville. L'électricien a donc déclenché un plan de continuité d'activité pour ces deux réacteurs (alors à l'arrêt), réduisant à une centaine le nombre d'agents présents sur le site, contre environ 800 habituellement. La preuve, dit-on au siège d'EDF, qu'on peut au moins temporairement faire fonctionner une centrale malgré une réduction sévère des équipes. Les week-ends et en soirée, en régime normal, les centrales fonctionnent d'ailleurs avec une grosse centaine d'agents, guère plus. En adaptant l'emploi du temps et l'activité de ses troupes, EDF assure pouvoir assurer une production normale d'électricité durant trois mois au moins, même si 25 %, puis 40 % de ses agents devaient s'arrêter de travailler.

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Se préparer en cas d'inondation ou de tempête

Un peu partout, chez EDF, RTE (le gestionnaire du réseau de transport) et Enedis (pour la distribution), on a activé parfois depuis plusieurs semaines des plans pour faire face à l'épidémie. Dès le 1er mars, une cellule de crise s'est mise en place chez Enedis. Le distributeur d'électricité a mobilisé partout en France des brigades d'agents prêtes à intervenir en urgence, surtout en cas d'inondation ou de tempête qui viendrait ajouter une crise à la crise. Elles assurent aussi, évidemment, les dépannages d'urgence sur le réseau, sept jours sur sept. En cas de défaillance ou de fatigue, une deuxième vague d'agents-réservistes, qui ne côtoie jamais la première, est elle aussi sur le pied de guerre. Chez Enedis, on comptait mardi 17 mars un peu moins de 300 agents en quatorzaine, et douze cas avérés de coronavirus. Les chantiers qui peuvent attendre attendront, un principe aussi appliqué par EDF et RTE. L'idée, c'est de se concentrer sur les interventions indispensables, avec les équipes nécessaires.

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Enedis est confronté à un problème d'un autre ordre. Le distributeur doit garantir que l'électricité ne manquera ni à un hôpital — lieu ô combien protégé —, ni à une maison de retraite, ni encore à un gymnase susceptible d'accueillir du public en cas de crise. Guidé par les préfectures, Enedis repère donc les endroits les plus sensibles et les sécurise. La filiale d'EDF est, par exemple, prête à intervenir sur le groupe électrogène d'un hôpital s'il tombe en panne.

La consommation chute après le confinement

La production d'électricité, pour l'heure en tout cas, ne souffre aucunement de l'épidémie de coronavirus. Les agents sont en nombre suffisant. Ils pourraient d'ailleurs presque se reposer un peu : lundi 16 mars, premier jour de télétravail national, la consommation a chuté de 10 % environ par rapport au lundi précédent. RTE note que cette baisse s'explique par le ralentissement d'activité (les usines ont commencé à fermer), ainsi que par les bars et restaurants, qui ont baissé le rideau à partir de dimanche. Mardi 17 mars, le phénomène était encore plus marqué : après une hausse habituelle de consommation vers 9 heures (mais moindre qu'à l'habitude), la courbe a plongé jusqu'à l'heure du déjeuner, alors qu'elle est en général plutôt plate. La raison : la mise à l'arrêt croissante d'usines, avant tout.

RTE, comme EDF et Enedis, assure que la situation épidémique ne doit pas inquiéter. « Il n'y a aucun impact sur le réseau », dit-on chez RTE. Et s'il y avait un gros problème alors que les troupes sont confinées ou malades, comme une tempête qui mettrait à bas des kilomètres de câbles, Enedis garde en réserve une ultime parade : son propre GIGN, la Force d'intervention rapide d'électricité, ou Fire.

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Commentaires (8)

  • Laréalité777

    Où on ferme Fessenheim ! A réouvrir !

  • Lucas Sillo

    Je ne crois pas (vraiment pas) que ce résultat pourrait être obtenu avec simplement des éoliennes et des panneaux solaire. A méditer...

  • nominoe

    Rien que pour faire chier les écologistes rouges...