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À Levallois, les Balkany continuent d'agir comme s'ils étaient encore aux affaires
En coulisses, les couteaux restent tirés.

À Levallois, les Balkany continuent d'agir comme s'ils étaient encore aux affaires

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Condamnés définitivement le 4 mars à trois ans de prison ferme tous les deux pour fraude fiscale, et à dix ans d’inéligibilité et d’interdiction de gérer, Patrick et Isabelle Balkany n’en ont pas pour autant tourné la page, ni de la politique, ni de la justice. En coulisses d’ailleurs, les couteaux restent tirés.

Pour cause de Coronavirus, les Balkany sont confinés chez eux en famille au Moulin de Cossy, comme le montrent les nombreuses photos publiées sur compte Instagram de leur fils Alexandre. Aujourd’hui, avec le beau temps, ils ont déjeuné dehors, avec en arrière plan, le parc de la propriété désormais confisquée par la justice qui reste parfaitement entretenu. Condamnés définitivement le 4 mars à trois ans de prison ferme tous les deux pour fraude fiscale, et à dix ans d’inéligibilité et d’interdiction de gérer, Patrick et Isabelle Balkany n’en ont pour autant pas tourné la page, ni de la politique, ni de la justice. En coulisses d’ailleurs, les couteaux restent tirés.

Dernier épisode en date, ce courrier adressé ce mercredi 18 mars à Pierre Soubelet, le préfet des Hauts-de-Seine, par l’association des contribuables de Levallois. La lettre liste une série d’anomalies et en appelle au représentant de l’Etat pour prendre des mesures de « gestion d’office » de la ville dans l’attente du second tour des municipales. « Depuis le vendredi 6 mars, de nombreux événements se sont déroulés, le couple Balkany se comportant comme s’il occupait encore des fonctions au sein de la mairie, commence la missive signée Philippe de Veyrac, le président de l’association. D’ailleurs ajoute-t-il, le site de la ville les présente toujours comme maire et premier adjoint.»

"Des évènements locaux"

Le courrier liste ensuite une série « d’événements locaux » : « Le dimanche 8 mars, les salons de l’hôtel de ville accueillaient un repas d’adjoints autour du couple Balkany. Le jeudi 12 mars, Patrick Balkany faisait son entrée dans les salons d‘honneur de l’Hôtel de ville au milieu de fonctionnaires et d’employés de la commune… Le dimanche 15 mars, alors que dans chaque commune les candidats d’Ile-de-France répondaient aux questions de France 3 à l’issue des premiers résultats, les téléspectateurs ont eu la surprise de voir Isabelle Balkany… comme si elle était encore aux affaires de la ville ».

"Depuis le vendredi 6 mars, de nombreux événements se sont déroulés, le couple Balkany se comportant comme s’il occupait encore des fonctions au sein de la mairie."

Depuis la démission d’office de Patrick et d’Isabelle Balkany, c’est le deuxième adjoint, Jean-Yves Cavallini qui exerce les fonctions de maire de Levallois. Mais dans sa lettre au préfet, l’association des contribuables étonne que ce dernier « puisse laisser se dérouler en mairie des événements mettant en scène deux individus n’ayant rien à y faire, qui se comportent comme si, ni les décisions de justice, ni leur application n’avaient produit un quelconque effet, qu’aucune décision n’avait été rendue et que celle-ci les laissait complément indifférents.» D’ailleurs, un témoin, ancien élu de l’équipe Balkany, atteste avoir aperçu Patrick Balkany, le soir du premier tour, coupe de champagne à la main dans son ancienne salle à manger municipale…

De nouvelles élections en vue ?

Dans ces conditions, l’association des contribuables demande au préfet des Hauts-de-Seine de tirer les conséquences du report du second tour des municipales. Selon l’association, les époux Balkany ayant été démissionnés par le préfet, et un autre adjoint ayant jeté l’éponge, le conseil municipal de Levallois ne compterait désormais plus assez de membres… pour élire en son sein un nouveau maire. Dans ce cas de figure, le code électoral obligerait, selon eux, à l’organisation de nouvelles élections.

Un témoin, ancien élu de l’équipe Balkany, atteste avoir aperçu Patrick Balkany, le soir du premier tour, coupe de champagne à la main dans son ancienne salle à manger municipale…

Dans l’attente de celles-ci, l’association réclame que le préfet décide de prendre lui même en charge la gestion de la commune. « Nous ne pensions pas devoir soulever cette situation… mais il nous semble désormais que le report du deuxième tour des élections municipales peut nous faire craindre le pire, tant du point de vue du risque d’instrumentalisation des moyens et personnels municipaux, qu’en termes d’influence manifeste des condamnés-révoqués sur leurs anciens colistiers, élus vassaux », écrit l’association. « A l’heure où le Président de la République demande à tous les français de faire preuve de civisme et de discipline, ce couple qui a abondamment défrayé la chronique par ses mensonges et manquements au Pacte Républicain ne doit plus être en mesure de ridiculiser nos institutions par leurs agissements immoraux et illégaux», conclut le courrier adressé au préfet.

Saisir l'Etat

Après examen de la situation, la réponse de ce dernier est tombée en début d’après-midi. Pierre Soubelet estime que « la nomination d'une délégation spéciale par le préfet ne peut intervenir qu'en cas de dissolution du conseil municipal, de démission de tous ses membres ou d’annulation devenue définitive de l'élection de tous ses membres ». Le représentant de l’Etat estime que Levallois n’est pas « dans cette situation ». Selon lui, jusqu’au second tour, « le deuxième adjoint assure les fonctions de maire de Levallois. »

Dans la foulée de cette fin de non recevoir, d’autres élus de la ville ont décidé de saisir à leur tour l’Etat. Selon nos sources, le préfet des Hauts-de-Seine leur a fait la même réponse, tout en précisant qu’il allait interroger «le ministère de l’Intérieur »… Le casse-tête de Levallois continue.

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Natacha Polony, directrice de la rédaction de Marianne