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Coronavirus : l’hôpital a droit à un « pognon de dingue »

Le système de santé n’est pas un coût, il crée lui aussi de la valeur, défend Jean-Michel Bezat, journaliste au « Monde », dans sa chronique.

Publié le 22 mars 2020 à 23h37, modifié le 23 mars 2020 à 09h15 Temps de Lecture 4 min.

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Une infirmière aide un collègue à s’habiller, à l’extérieur de l’hôpital Henri-Mondor, à Créteil, le 4 mars.

Chronique. #Onapplaudit. Les Français mobilisés par le hashtag créé sur Twitter le disent tous les soirs depuis leur fenêtre ou leur balcon : il n’existe pas de plus belle institution que l’hôpital public, un cri du cœur très rare au pays de la défiance généralisée.

Soumis à un flot ininterrompu de malades infectés par le SARS-CoV-2, submergés dans certaines régions et en passe de l’être dans d’autres, ses personnels sont aux avant-postes d’une « guerre sanitaire » unique dans l’histoire de l’hôpital moderne, né avec les ordonnances Debré de 1958 créant les centres hospitalo-universitaires (CHU) et les praticiens salariés à temps plein, puis conforté par la loi de 1970 instituant la carte sanitaire et un véritable service public.

Il faut l’admettre, aucun pays n’était préparé à pareil tsunami de malades graves, aucun soignant à y faire face. « On est prêt à assurer des crises, des crises ponctuelles, mais on n’est pas du tout prêt à assurer des situations de crise qui durent dans le temps de cette façon-là », résumait le docteur Marc Noizet, chef des urgences de l’hôpital de Mulhouse (Haut-Rhin), dans la région la plus touchée depuis le début de la pandémie. « Il y a l’usure liée au temps, et il y a les conditions d’exercice qui sont compliquées », confiait-il pudiquement en évoquant l’absence des proches pour soutenir les malades – les mourants parfois.

Mais il faut aussi reconnaître que le fléau s’est abattu sur un service public affaibli qui manifestait tous les signes d’une crise grave : grèves à répétition, démissions de chefs de service de leurs fonctions administratives, fuites vers le privé…

De l’avis unanime des personnels, les remèdes du gouvernement – notamment de l’ex-ministre de la santé, Agnès Buzyn – n’ont pas été à la mesure du mal. Ce ne sont pas les primes versées à certains soignants, quelques rallonges budgétaires ou la reprise par l’Etat d’un tiers des 29 milliards d’euros de la dette hospitalière qui allaient guérir ce grand corps malade.

La France n’est pourtant pas chiche de ses deniers, si l’on s’en tient à une stricte approche comptable. En 2018, la consommation médicale a dépassé 200 milliards d’euros, dont 95 milliards dans les soins hospitaliers. Huit CHU français font partie des 100 meilleurs hôpitaux du monde (et 84 des 1 000 premiers), selon le dernier classement de l’hebdomadaire Newsweek.

La dépense totale de santé atteint 280 milliards d’euros, soit 11,7 % de la richesse produite, ce qui place le pays au troisième rang mondial, derrière les Etats-Unis et la Suisse, au même niveau que l’Allemagne et la Suède. Un pourcentage de PIB n’est certes pas un indicateur de réussite sanitaire, mais les Français sont loin d’être mal lotis.

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