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Coronavirus et confinement : pourquoi les grandes villes européennes ne sont pas prêtes

En matière de livraison de courses à domicile, le dernier maillon de la chaîne, celui du tout dernier kilomètre avant l'adresse de livraison, est celui de tous les défis. Les Chinois, eux, ont su innover et auraient quelques leçons à nous donner.

Coronavirus et confinement : pourquoi les grandes villes européennes ne sont pas prêtes
(iStock)
Publié le 23 mars 2020 à 07:00

Des rues quasiment désertes, de très rares piétons de-ci de-là, le silence rompu uniquement par de rares bus vides… Nous ne sommes pas en plein mois d'août mais au début du printemps, sous mesure de confinement en France. Dans cette nouvelle réalité, nous sommes confrontés à une question critique et pratique : comment mettre la nourriture et les produits de première nécessité à la disposition de chaque foyer ? 

En Chine, le confinement est de mise depuis plus d'un mois, alors même que la propagation du virus semble en nette perte de vitesse. Comment les entreprises et le gouvernement chinois aident les citoyens dans leur vie quotidienne sur une période de confinement prolongée ? La France et les autres pays européens auraient-ils des choses à apprendre de la Chine en matière de préparation à ce type de situation ? 

Numérique, logistique, innovation continue

Wuhan, épicentre de l'épidémie, 23 janvier. Comme on pouvait s'y attendre, l'annonce du confinement a provoqué un vent de panique : les rayons des épiceries et des pharmacies ont été pris d'assaut provoquant une pénurie. Toutefois, en moins d'une semaine, les magasins ont été réapprovisionnés et une 'nouvelle routine quotidienne' s'est mise en place. Mais comment ont-ils fait ? 

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En premier lieu, ils étaient préparés. L'épidémie de SRAS de 2003 est restée dans toutes les mémoires : gouvernement, entreprises et citoyens. Seules des améliorations et des ajustements ont dû être apportés aux mesures d'alors. Les citoyens ont pris leurs responsabilités et ils ont commencé à 's'auto-contrôler'. 

Deuxièmement, le numérique. Au cours des cinq dernières années, la Chine a connu une importante transformation numérique. Le groupe Alibaba, JD.com, MTDP (Meituan-Dianping) et bien d'autres ont fait évoluer les comportements des consommateurs, qui sont passés des achats en boutiques aux achats en ligne. Les 'super applications' tels que WeChat ont permis aux consommateurs chinois d'intégrer le numérique dans leur vie de manière extrêmement simple. 

Troisièmement, la préparation logistique. Des systèmes de livraison de proximité sont disponibles dans toutes les grandes villes. Le café, les courses et les articles de la vie courante peuvent être livrés à domicile en 15 à 20 minutes grâce aux expériences «online to offline» (O2O). Ling Shou Tong d'Alibaba, par exemple, utilise les magasins de proximité et les marchés de producteurs comme point relais et, depuis peu les magasins Freshippo (He Ma Sheng Xian) pour traiter et livrer les produits frais. 

Quatrièmement, une innovation continue même en temps de crise. Des chaînes d'approvisionnement nationales ont été mobilisées (par exemple, le réseau Cainiao), de nouveaux systèmes communautaires de livraison ont fait leur apparition dans les quartiers et des robots ont été déployés pour aider à réduire les interactions humaines. C'est ainsi par exemple que les habitants de certaines résidences à Pékin s'organisent en petits groupes de volontaires pour recevoir et emballer les produits, et les livrer sur le pas de la porte de leurs voisins. 

Supply chain dépassée

Aux Etats-Unis et en Europe, les choses se présentent sous un jour tout à fait différent. Les consommateurs américains sont plus que prêts à faire des achats sur Amazon et d'autres plateformes de commerce électronique mais quand il s'agit de remplir leur garde-manger ou de commander des plats prêts à consommer, la sauce a du mal à prendre. 

L'Europe est malheureusement encore plus en retard. Malgré les efforts déployés par Carrefour sur Ooshop.com et par des start-up comme Deliveroo par exemple, les consommateurs européens ne semblent pas aussi prêts. L'infrastructure de la chaîne d'approvisionnement ou supply chain est dépassée, l'adoption du numérique est lente et la réglementation du travail rend la tâche difficile. Alors qu'Alibaba atteignait un pic de 544.000 commandes par seconde lors du Singles' Day, une fête des célibataires couplée à une journée de grosses promotions, les principales boutiques en ligne européennes, elles, perdaient des commandes pendant leurs opérations spéciales et affichaient des messages comme 'En raison d'un trop grand nombre de connexions, nous ne pouvons traiter votre demande'. Inimaginable quand on veut commander de quoi nourrir sa famille. 

Si le confinement se prolonge, les entreprises et les organismes gouvernementaux français et européens devront être très attentifs aux défis logistiques que celui-ci suppose. Ils doivent d'ores et déjà évaluer leur état de préparation. On peut aussi considérer cela comme un signal d'alarme : il est grand temps de construire un système où la technologie puisse apporter une amélioration aux infrastructures existantes.

Chengyi Lin est professeur de stratégie à l'Insead

(Traduit de l'anglais par Gwénaële Reboux, traductrice à l'Insead). 

Chengyi Lin 

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