Un sauvetage mené par SOS Méditerranée en novembre. Photo : SOS Mediterranee/Twitter
Un sauvetage mené par SOS Méditerranée en novembre. Photo : SOS Mediterranee/Twitter

Face au contexte de crise sanitaire dans lequel est plongée l'Europe, les ONG qui viennent en aide aux migrants ont suspendu leurs opérations de sauvetage en mer Méditerranée jusqu'à nouvel ordre. Pour SOS Méditerranée, il s'agit de préserver ''la sécurité de l'équipage et des rescapés''.

''L'Ocean Viking vient d'accoster à Marseille'', a tweeté, vendredi 20 mars, l'ONG SOS Méditerranée qui affrète le navire humanitaire en partenariat avec Médecins sans frontières. Loin de sa zone de recherche habituelle, le bateau restera à quai dans la cité phocéenne jusqu'à nouvel ordre.

L'arrêt temporaire des activités de l'Ocean Viking, tout comme celui de tous les autres navires humanitaires présents en Méditerranée, a été décidé dans un contexte de propagation du coronavirus à travers l'Europe et le monde. ''La situation est très préoccupante. On parle de 10 000 morts dans le monde des causes de ce virus, c'est un véritable drame'', confie François Thomas, président de SOS Méditerranée France à InfoMigrants, dont les équipes ne peuvent pour un temps plus remplir leur mission de sauvetage.

''Il est nécessaire d'apporter une très grande solidarité à ceux qui sauvent des vies actuellement'', poursuit-il, faisant référence au personnel soignant déjà surchargé. ''Pour nous, la priorité est la sécurité de l'équipage et des rescapés.''

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L'Ocean Viking n'assurait déjà plus d'opérations de sauvetage depuis le 23 février, jour où ont été débarqués dans le port de Pozzallo, en Italie, 276 migrants secourus en mer. Après ce débarquement, les membres d'équipage ont tous dû observer 14 jours de quarantaine, à l'issue desquels personne n'a montré de symptômes de COVID-19, avant de pouvoir reprendre la route vers la France.

''En Libye, le drame continue''

Le consensus autour de ces questions de sécurité et de précaution sanitaire semble s'être fait parmi la flottille de navires humanitaires qui sillonnent d'habitude la SAR zone (zone de recherche et de sauvetage). ''Plus aucun navire n'est présent en ce moment mais cela pourrait changer au cours des prochaines semaines'', indique Maurice Stierl, membre de la plateforme téléphonique d'urgence en mer, Alarm Phone, qui note une baisse des tentatives de traversées ces derniers jours en grande partie due à de mauvaises conditions météorologiques.

Du côté de Sea-Watch, aucune information n'est donnée quant à la situation du tout nouveau navire de l'ONG, Sea-Watch 4, qui était censé partir pour sa première mission début avril.

L'ONG italienne Mediterranea Saving Humans a quant à elle estimé que ''le développement de la pandémie de coronavirus'' et ''les mesures nécessaires pour essayer de la contenir l'obligeaient à suspendre (ses) opérations''.

Ces suspensions d'activités sont des crève-cœurs pour les humanitaires. Car, si le coronavirus provoque une crise sanitaire mondiale, force est de constater qu'il ne dissuade les migrants de prendre la mer, notamment pour fuir les violences en Libye. ''Nous pensons à la situation en Libye, qui ne s'améliore pas. Là-bas, le drame continue'', soutient François Thomas, qui espère pouvoir remettre une équipe à flots dès que la situation le permettra.

Le week-end dernier, quelque 406 personnes, qui avaient tenté de s'enfuir de la Libye à bord d'embarcations, ont été interceptées par les garde-côtes libyens. La plupart ont été envoyées en détention, affirme l'Organisation internationale pour les migrations.

Quelques jours auparavant, plus de 70 personnes réparties sur deux embarcations étaient par ailleurs arrivées de manière autonome sur l'île de Lampedusa, selon une journaliste italienne.

 

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