“Après s’être montré réticent à copier les mesures draconiennes observées ailleurs en Europe pendant des semaines”, Boris Johnson a donc fini par annoncer un plan de confinement, “sous la pression de son propre cabinet, des députés conservateurs et des travaillistes”, note The Guardian.

Le Premier ministre britannique s’est adressé lundi 23 mars aux Britanniques dans une allocution télévisée, “débitant son discours à toute vitesse”, “sans mélodrame”, ce qui “soulignait l’urgence” de son message, note le journaliste du Times Quentin Letts.

Au cours des trois prochaines semaines, les Britanniques ne seront autorisés à sortir de chez eux que pour des cas très limités, comme faire ses courses, aller travailler, se faire soigner ou faire de l’exercice une fois par jour, a précisé lundi le chef du gouvernement conservateur. Les rassemblements de plus de deux personnes sont interdits et tous les magasins de biens non essentiels, ainsi que les lieux de culte, sont fermés au public.

”Le Royaume-Uni assigné à résidence”

La police sera également chargée de veiller à l’application de ces dispositions et pourra sanctionner les contrevenants par des amendes. “Un anathème” contre le “mode de fonctionnement de la police britannique, habituée à maintenir l’ordre par le biais du consentement, les officiers étant des citoyens en uniforme”, remarque The Guardian.

Plusieurs quotidiens ont insisté lundi soir sur le caractère coercitif de ce confinement, n’hésitant pas à recourir aux métaphores policières : “Boris Johnson a assigné virtuellement le Royaume-Uni à résidence”, note le tabloïd The Sun.

“C’est la fin de la liberté”, a titré de son côté le Daily Telegraph, estimant que les mesures annoncées par Boris Johnson allaient “bien plus loin que tout ce que l’on avait pu connaître en temps de guerre”. D’après le quotidien conservateur, le confinement, qui doit être réévalué dans trois semaines, devrait rester en place plus longtemps. Selon le Daily Telegraph, “la police a été informée que les mesures répressives pourraient durer jusqu’à six mois, en fonction de la rapidité avec laquelle des progrès sont constatés”.

Critiqué un temps pour sa réponse, jugée timorée, à l’épidémie, le gouvernement de Boris Johnson a durci son dispositif au fil de la semaine dernière, demandant au public d’éviter les contacts non indispensables, fermant les écoles puis les pubs, restaurants, cinémas et salles de gym. Mais au cours du week-end dernier, les Britanniques se sont rendus par milliers dans les parcs et en bord de mer, ignorant ses recommandations.

“Trop tard”

Pour The Independent, l’une des erreurs du gouvernement de Boris Johnson a été de “surestimer l’obéissance des citoyens”. L’approche du Premier ministre a “toujours été caractérisée par une résistance à imposer des limites statutaires aux libertés individuelles et aux entreprises”, souligne le quotidien dans un éditorial. Mais aujourd’hui, la “nouvelle politique de répression” de Boris Johnson arrive “trop tard”.

Le Premier ministre “a été trop lent à accepter l’inévitable”, regrette The Independent. “Les scènes déchirantes auxquelles nous assistons maintenant dans les hôpitaux italiens pourraient bientôt se reproduire ici en Grande-Bretagne.”

Noémie Taylor-Rosner