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Les emplois «féminins» en première ligne face au coronavirus

Elles sont majoritaires dans la santé, dans la garde d’enfants, dans le commerce de détail. Des emplois dont on ne peut se passer actuellement et qui figurent parmi les moins bien payés

Les femmes sont surreprésentées dans des emplois actuellement essentiels. — © Adrian Reusser/Keystone
Les femmes sont surreprésentées dans des emplois actuellement essentiels. — © Adrian Reusser/Keystone

C’est l’une des inégalités les plus frappantes qui se dégage de cette crise: les professions les plus exposées sont avant tout féminines. La santé, en particulier, en est l’exemple: la Suisse compte 751 697 employés dans ce secteur, dont 572 617 sont des femmes, soit 76% du total, d’après les statistiques de l’OFS. Dans le détail, elles sont 62 000 infirmières, contre 9000 infirmiers. On trouve 25 000 assistantes médicales, contre 1000 assistants. Idem chez les auxiliaires de santé, dont 85 000 sont des femmes sur un total de 96 000.

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Un secteur où les femmes sont surreprésentées

Ces médecins, infirmières, aides-soignantes sont en première ligne dans la lutte contre le virus. «Tous les soirs à 21h, on applaudit «le personnel de santé» comme si c’était un peuple sans rapport hiérarchique, sans inégalités de statut, d’emploi, de rémunération. C’est dommage qu’il n’y ait pas une prise de conscience plus claire de la contribution très genrée de la lutte contre la pandémie», déplore Isabel Boni-Le Goff, sociologue et coresponsable du Centre en études genre de l’UNIL.

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A cela s’ajoute une forme de «complainte sacrificielle et de rhétorique du don de soi: dans les métiers du care, vous devez vous sacrifier pour le public», poursuit l’experte. Car les femmes sont majoritaires dans les hôpitaux, mais elles sont aussi surreprésentées dans des autres métiers dits du care, comme la garde des enfants et le travail social.

Cette féminisation n’est pas suisse, elle est universelle. Dans une tribune publiée vendredi, Phumzile Mlambo-Ngcuka, secrétaire générale adjointe de l’ONU et directrice d’ONU Femmes, le soulignait: «C’est le moment pour les gouvernements de reconnaître l’énormité de la contribution des femmes à l’économie et leur précarité. Cela inclut une focalisation sur les secteurs où les femmes sont surreprésentées et sous-payées, comme les travailleuses journalières, les responsables de petites entreprises, celles qui travaillent dans le nettoyage, dans les soins, aux caisses et dans l’économie informelle.»

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Il n’y a en effet pas que l’économie du soin où la surreprésentation des femmes est importante et où elles sont très exposées. Elle se trouve aussi dans le commerce de détail, en particulier aux caisses, où les employées ont peu de moyens de se protéger, même si des mesures ont été prises ces derniers jours alors que la situation apparaissait de plus en plus scandaleuse. D’après l’OFS, ce secteur compte 67% d’employées. Or, presque tous ces métiers, des soins aux supermarchés, sont parmi les moins rémunérés de l’économie.