Un secteur où les femmes sont surreprésentées
Ces médecins, infirmières, aides-soignantes sont en première ligne dans la lutte contre le virus. «Tous les soirs à 21h, on applaudit «le personnel de santé» comme si c’était un peuple sans rapport hiérarchique, sans inégalités de statut, d’emploi, de rémunération. C’est dommage qu’il n’y ait pas une prise de conscience plus claire de la contribution très genrée de la lutte contre la pandémie», déplore Isabel Boni-Le Goff, sociologue et coresponsable du Centre en études genre de l’UNIL.
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A cela s’ajoute une forme de «complainte sacrificielle et de rhétorique du don de soi: dans les métiers du care, vous devez vous sacrifier pour le public», poursuit l’experte. Car les femmes sont majoritaires dans les hôpitaux, mais elles sont aussi surreprésentées dans des autres métiers dits du care, comme la garde des enfants et le travail social.
Cette féminisation n’est pas suisse, elle est universelle. Dans une tribune publiée vendredi, Phumzile Mlambo-Ngcuka, secrétaire générale adjointe de l’ONU et directrice d’ONU Femmes, le soulignait: «C’est le moment pour les gouvernements de reconnaître l’énormité de la contribution des femmes à l’économie et leur précarité. Cela inclut une focalisation sur les secteurs où les femmes sont surreprésentées et sous-payées, comme les travailleuses journalières, les responsables de petites entreprises, celles qui travaillent dans le nettoyage, dans les soins, aux caisses et dans l’économie informelle.»
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Il n’y a en effet pas que l’économie du soin où la surreprésentation des femmes est importante et où elles sont très exposées. Elle se trouve aussi dans le commerce de détail, en particulier aux caisses, où les employées ont peu de moyens de se protéger, même si des mesures ont été prises ces derniers jours alors que la situation apparaissait de plus en plus scandaleuse. D’après l’OFS, ce secteur compte 67% d’employées. Or, presque tous ces métiers, des soins aux supermarchés, sont parmi les moins rémunérés de l’économie.