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Accoucher pendant le coronavirus : "On me vole ce moment de bonheur"

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Difficile de reporter un accouchement. Même un confinement général n’y changera rien. Alors les maternités s’organisent pour accueillir les futures mamans et les bébés malgré le coronavirus. Pas de consignes homogènes en Île-de-France, mais les conjoint-e-s sont parfois écartés.

Image d'illustration. Image d'illustration.
Image d'illustration. © AFP - Anthony Wallace

"J’en rigole avec mes parents en espérant qu’ils la verront avant qu’elle marche", sourit Louise, une future maman. Son accouchement est prévu dans 15 jours, et la jeune femme craint bien de devoir faire une croix sur son rêve de princesse. Le coronavirus aura tout gâché. "Je me faisais une joie d’accueillir tout le monde et de prendre un petit verre de rosé avec ma famille et mes amis mais il va falloir attendre. J’ai l’impression qu’on me vole ce moment de bonheur", confie-t-elle encore.

Car s’il n’est pas encore question de laisser les mamans accoucher toute seule, dans les maternités d’Île-de-France, désormais, les familles sont interdites de visite. Ni les grands-mères, ni les frères et sœurs autorisés pendant les suites de couche. 

"Un destin incroyable"

Certains établissements, comme l’hôpital d’Argenteuil et de Créteil, interdisent même les visites des papas ou des conjointes. L’autre parent peut être en salle de naissance pour tenir la main et soutenir la maman mais doit ensuite partir et attendre le retour de madame et du bébé à la maison.

Une règle stricte pour empêcher la propagation du Covid-19 et alors que les hôpitaux sont débordés de malades. De quoi faire relativiser Louise, "le plus important c’est notre santé à tous", se raisonne la future mère qui voit même un destin extra-ordinaire à sa fille : "J’en souris avec mon compagnon en se disant que notre fille a déjà une histoire incroyable qu’elle pourra raconter plus tard et qu’avant même sa naissance, elle est déjà exceptionnelle."

Une page Facebook d’entraide

Pour tenter de détendre les patientes aussi, le Pr Jacky Nizard, obstétricien de la Salpêtrière à Paris et président de l'association des gynécologue-obstétriciens européens, réalise sur YouTube de petites vidéos à leur intention. Tournées dans la cour de l'hôpital sur un ton délibérément badin, elles devancent les questions : "Pour les consultations, zéro accompagnant : le père reste dehors", prévient ainsi le médecin. "Pour l'accouchement, pour l'instant un accompagnant - ça pourra changer - et s'il sort, il ne revient plus"

COVID et grossesse n*2, le 18/03/20

"On a deux enjeux de santé publique", explique-t-il en fait : "Stopper la circulation du virus et que les soignants ne tombent pas malades". Malgré ce contexte, pour aider ses patientes, le Pr Nizard renvoie à la page Facebook de l'une d'elles - "confinées avec bébé" - sur laquelle futures et jeunes accouchées échangent conseils et états d'âme : créée jeudi dernier, la page rassemblait près de 500 femmes. 

Le suivi par Skype 

"On essaie d'assurer un suivi par Skype pour rassurer, mais je ne fais plus que de la téléconsultation", explique de son côté Adrien Gantois, président du collège des sages-femmes libérales. Si la situation l'exige, la patiente passe par une salle d'attente séparée dans son cabinet, près de Paris. Lui aussi déplore le manque de matériel : "Pour les visites postnatales à domicile, il nous faudrait lunettes, sur-blouses, sur-chaussures... on n'a rien de tout ça."

"Mon RDV anesthésiste s'est déroulé par téléphone, je crains que mon RDV du 9e mois le soit aussi", avoue Aurélie, à Versailles. "Je ne sais pas si je dois me tourner vers mon gynéco (débordé) ou attendre", dit-elle, après un début de grossesse compliqué. Sa double angoisse : "Passer à côté d'un problème pour le bébé et ne pas pouvoir vivre ce moment avec mon conjoint".

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