"Dieu est mort" : épisode • 6/4 du podcast Quatre malentendus nietzschéens

Friedrich Nietzsche, aux alentours de 1875 - Wikicommons
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En 1882, Nietzsche, radical, affirme : "Dieu est mort". On l'a accusé de vouloir briller à l’aide de formules rhétoriques sans substance, pourtant, celle-ci est révolutionnaire. Que signifie vraiment cet aphorisme paradoxal ? Que remet-il en cause ? Pourquoi choisir l’image de Dieu ?

Avec
  • Patrick Wotling Ancien élève de l'École normale supérieure, professeur de philosophie, directeur du département de philosophie de l’Université de Reims et fondateur du Groupe International de Recherches sur Nietzsche

Première diffusion de cette émission le 10/09/2019, et première diffusion du Journal de la philo de Géraldine Mosna-Savoye, en fin d'émission, le 21/11/2019, à réécouter ici :

En savoir plus : Le vivre-ensemble
Le Journal de la philo
5 min

L'invité du jour :

Patrick Wotling, ancien élève de l'École normale supérieure, professeur de philosophie, directeur du département de philosophie de l’Université de Reims et fondateur du Groupe International de Recherches sur Nietzsche

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Une formule paradoxale

Il faut saisir le caractère paradoxal de la formule, elle nous dit quelque chose d’impossible : l’être immortel est mort. Pour comprendre la signification de cet aphorisme, il faut revenir au contexte nietzschéen, il faut sortir cette phrase de son strict environnement théologique : ce n’est pas une formule qui a une signification d’abord et avant tout religieuse. Ce que Nietzsche désigne par le mot de Dieu ça n’est pas, pas seulement, la divinité qui est l’objet d’une croyance…      
Patrick Wotling

Dieu, une image dans le vocabulaire nietzschéen

Dieu est une image… Nietzsche s’exprime presque toujours de façon imaginée, il en joue avec brio, "Dieu" veut dire quelque chose qui possède une épaisseur philosophique. Pourquoi choisir ce mot ? Dieu représente le sacré, ce qu’on vénère, ce qu’on a plus de précieux quand on est croyant, ce qui constitue la norme indiscutable, objective, de l’existence, et c’est précisément cela que Nietzsche emprunte à la notion de Dieu pour le transporter à l’ensemble de la vie humaine… Par Dieu, il va désigner ces choses qui sont le sacré, les croyances fondamentales, capitales, réglant la vie humaine telle qu’elle est organisée en Occident. Nietzsche nous dit que ce qu’il y a de sacré, d’intouchable (ce qu’il va appeler techniquement des "valeurs" quand il s’adressera aux philosophes), ces valeurs sont en crise, et même, en train de perdre leur statut de valeurs, de normes, de références…

Textes lus par Vincent Schmitt :

  • Extrait du Gai Savoir, de Nietzsche, 1882, paragraphe 125, traduction de Patrick Wotling, éditions Flammarion
  • Extrait de Sérotonine, de Michel Houellebecq, 2019, éditions Flammarion (avec une musique de Muzio Clementi, Sonate pour piano en fa mineur)

Sons diffusés :

  • Extrait du film Crimes et Délits, de Woody Allen, 1989
  • Chanson de Debbie Reynolds, All I Do Is Dream Of You (Bande Originale de Crimes et Délits, de Woody Allen)
  • Archive d'Albert Camus (entretien avec Jean Mongin), 19/09/1955, RTF
  • Extrait des Frères Karamazov, de Dostoïevski, lecture sur France Culture, 31/07/1993, et musique de Kaija Saariaho, Maa Fall
  • Chanson de fin : The Violinaires, God Is Not Dead

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