Présentée comme un possible remède au Covid-19, la chloroquine provoque ces derniers jours un vif débat au sein de la communauté scientifique. 

Certains médecins, n'attendant ni le feu vert des autorités de santé ni les résultats d'études en cours sur son efficacité avérée ou non sur le coronavirus, prescriraient même déjà du Plaquenil - qui contient un dérivé de la chloroquine, l'hydroxychloroquine  - à leurs patients contaminés.

Problème : ce médicament est, en temps normal, couramment prescrit aux personnes atteintes d'un lupus. Inquiets, ces derniers signalent déjà des pénuries dans les pharmacies et craignent de ne pas pouvoir se soigner correctement.

Un traitement quotidien contre le lupus

"Plus une boîte dans ma ville. Le stock qu’ils avaient hier à été réquisitionné", "Je suis allée dans deux pharmacies sur Montreuil-sous-bois, les deux étaient en rupture de stock. Je dois appeler mardi pour savoir s'il y a une livraison. Il y a donc vraiment rupture"... Sur le groupe Facebook de l'association France Lupus, nombreux sont les témoignages de patients ayant échoué à trouver ce médicament qui les soulage de leurs maux au quotidien. 

Le lupus est une maladie chronique auto-immune dont la forme la plus courante, le lupus érythémateux disséminé (LED), provoque douleurs articulaires intenses, fatigue, fièvre et érythèmes cutanés. La maladie peut évoluer par poussées, avec des périodes de rémission plus ou moins longues, allant de quelques semaines à plusieurs années. Dans les cas les plus sérieux, la maladie peut également toucher les reins et causer des troubles tels qu'une thrombose veineuse ou artérielle. 

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Parmi les traitements efficaces contre cette pathologie, on retrouve ainsi la prise quotidienne d'hydroxychloroquine (Plaquenil) et de chloroquine (commercialisée sous le nom de marque Aralen). Ils permettent notamment de diminuer les douleurs et le gonflement des articulations, de traiter les éruptions cutanées et d'éviter les rechutes.

"Le Plaquenil est pour nous essentiel, il nous maintient en bonne santé et est parfois vital. On ne peut pas s'en passer", alerte donc Johanna Clouscard, présidente de l'association Lupus France, dans Le Parisien

Sanofi assure une "continuité de l'approvisionnement" 

Dans un communiqué publié le 23 mars, le laboratoire Sanofi, qui produit le Paquenil, rappelle que "les autorités de santé ont accepté récemment la mise en place d’un essai clinique européen avec des patients traités par l’hydroxychloroquine, mais n’ont pas encore recommandé une utilisation plus large de ce médicament pour traiter les patients atteints par le COVID - 19 dans un cadre hospitalier, ni procédé à l’encadrement d’une telle utilisation en ville."

Le géant pharmaceutique s'engage donc "à maintenir une capacité de production suffisante aux fins d’assurer la continuité de l’approvisionnement dans les indications actuellement autorisées de sa spécialité (traitement symptomatique d’action lente de la polyarthrite rhumatoïde ; lupus érythémateux discoïde et subaigu ; traitement d’appoint ou prévention des rechutes des lupus systémiques ; prévention des lucites), mais également d’être en mesure de pouvoir fournir le moment venu plusieurs millions de doses et ce, tout en préservant les stocks nécessaires pour éviter tout risque de rupture." 

En France, on estime le nombre de personnes atteintes de lupus à environ 40 000.